En 1969, Jacques Duclos, candidat communiste, avait renvoyé dos les deux finalistes de la présidentielle d’un définitif « Bonnet blanc et blanc bonnet »… On pourrait presque lui emprunter sa formule pour résumer le débat sur la santé dans la campagne. Blouses blanches contre Blanches blouses ? Entre les principaux candidats, c’est vrai que les différences sont subtiles. Non d’ailleurs que le débat soit atone. Il y a dix jours, Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas proposé une carte Vitale biométrique ? Avant d’annoncer dimanche qu’il fallait mieux payer les confrères des zones délaissées… François Hollande n’est pas en reste, qui lançait la semaine dernière un mot d’ordre de généralisation du tiers payant, après avoir prôné un remboursement de l’IVG à 100 %. La santé est donc bien présente dans la campagne. Les lobbies s’agitent. Et les colloques succèdent aux tables rondes, qui mettent en scène les experts santé des partis, un peu toujours les mêmes.
Entre droite et gauche, la discussion est même souvent vive. Anarchie des dépassements, raréfaction des médecins dans nos campagnes, fermetures d’établissements, hôpitaux à l’asphyxie, assurés menacés par les déremboursements... On ne se fait pas de cadeaux. Pourtant, ça ne suffit pas à Patrick Pelloux, éternelle mauvaise conscience de nos politiques, qui s’alarme du positionnement plan-plan de François Hollande. L’urgentiste, un peu gauchiste, est comme toujours caricatural. Il met néanmoins le doigt sur une réalité : si l’on excepte leurs deux extrêmes, droite et gauche sont d’accord sur l’essentiel concernant le système de soins. La maîtrise des dépenses de santé, la régionalisation récente du système de santé autour des ARS ou la coexistence du public et du privé pour le faire fonctionner en sont trois exemples parmi d’autres.
Ces convergences ne sont pas nouvelles. S’agissant du modèle français, la droite s’est souvent affichée plus sociale que libérale. Et la gauche, prompte à défendre l’hospitalisation publique, s’est finalement toujours montrée respectueuse de la dualité du système de soins. Un consensus qui reflète un attachement national bien légitime. L’embêtant pourtant est qu’il ne pousse personne à aborder les sujets qui fâchent et auxquels le prochain ministre de la santé ne pourra pas échapper. Au lendemain des élections, il faudra trouver des financements. Qui paiera ? Il faudra aussi faire des choix de prise en charge ? Qui en fera les frais ?
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature