Arts
Il est célèbre, considéré comme l'un des plus fameux du Moyen-Age, avec celui de Saint-Denis et de la Sainte Chapelle : c'est le Trésor de Conques, précieusement conservé (en dépit des aléas et des violences de l'Histoire) dans la très émouvante petite église de Conques qui se trouve sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Le soin apporté, au Moyen Age, à la conservation des reliques, est l'un des traits les plus émouvants, les plus mystérieux aussi, d'une pensée religieuse alors hautement tenue en main par le pouvoir de l'Eglise et la ténacité des communautés religieuses.
Le Trésor de Conques s'est constitué peu à peu, et depuis les plus lointains horizons du Moyen Age, avec l'intervention de certains souverains, comme Charlemagne. Le Reliquaire de Pépin témoignerait de cette attention royale, mais c'est surtout autour de Sainte Foy que s'organise cette festivité pieuse et mémorielle.
La Majesté de Sainte Foy, une statuette d'argent doré qui l'honore, est un très étonnant amalgame de matériaux et une uvre en constantes transformations, enrichissements, sans rien perdre de sa majesté primordiale et de sa pieuse vocation. En métal précieux semé de pierreries, intailles et camées, le reliquaire devient une uvre emblématique de la foi médiévale, de la ferveur populaire, et du luxe qui l'accompagne. Elle est une sorte de Joconde de l'art médiéval.
Typique de l'art du reliquaire qui fleurit en ces temps de piété populaire, le bras reliquaire de Saint-Georges s'inscrit dans une tradition qui veut qu'on spécifie bien le détail corporel donné en représentation mémorielle, et offert à la piété des fidèles.
Des rites parfois étranges s'instaurent autour d'une relique qui participe aux vastes espoirs dévolus à ces miettes d'une vie sanctifiée. Parcellisé, le corps d'un saint pénètre dans la vie des foules qui l'honorent et s'en remettent à lui pour leur sauvegarde face à la misère, la maladie et l'angoisse de la mort.
Le reliquaire dit « A de Charlemagne » est l'autre grande curiosité de cet ensemble et s'entoure de mystère et de légende. Ce serait prétendument une marque de reconnaissance de l'importance de Conques aux yeux de l'empereur qui aurait ainsi distribué les lettres de l'alphabet aux abbayes qu'il protégeait. En tête, Conques caracole en dépit de la modestie du lieu, mais sans doute en raison de l'énergie sans cesse reconduite de ceux qui en assument la gestion. Ce qui assure sa protection et sa venue jusqu'à nous.
Le Reliquaire de Pépin, dit aussi de la Circoncision, le Reliquaire pentagonal et le reliquaire hexagonal relèvent d'une esthétique d'une extraordinaire invention qui semble poussée par l'apport des matériaux entrant dans leur constitution formelle et leur ornement. Comme si l'uvre s'organisait moins selon un processus conceptuel originel qu'un jeu de hasard, un montage, une accumulation bien ordonnée, harmonisée, de détails précieux. D'où la disparité des ingrédients qui entrent dans la composition, l'étrangeté de certains rapprochements, une invention débridée et d'une verve gourmande.
C'est l'aspect moderne de ce rapport avec les matériaux qui font, de ceux-ci, la part décisive de la construction d'une uvre. Le principe du montage-assemblage qui est au cur de la pensée esthétique d'aujourd'hui.
Une quinzaine de pièces ayant chacune une étrange et passionnante histoire.
Le Trésor de Conques, au Louvre. Aile Richelieu (1er étage, salle 6). Jusqu'au 11 mars. L'entrée de l'exposition est comprise dans le prix du billet d'entrée aux collections permanentes du musée. 7,43 euros. Accès libre pour les moins de 18 ans. Un catalogue fort bien documenté édité par la RMN.
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