Portrait

Conquérant de l’utile

Publié le 15/10/2015

Avec Christophe Devys, l’État social à la française se situe très haut. Le nouveau directeur de l’agence régionale de santé d’Île-de-France entend défendre l’État providence. Il est souvent à la manœuvre dans les gouvernements de gauche. Nous pénétrons avec lui au sein de la noblesse d’État. Dans un cercle restreint, craint et admiré, composé d’une poignée de sabras dévoués à la construction et désormais à la défense de notre modèle social menacé. Christophe Devys y aura contribué par sa rationalité de scientifique et par sa virtuosité de chef d’orchestre. Au sommet de l’État, le social et la santé ne sont pas les voies les plus prestigieuses, ni les plus lucratives. Mais ce fort en thèmes et en calcul n’en a cure. Car la fidélité de l’expert permet d’accomplir des carrières prestigieuses au service de la politique. Conseiller d’État sorti dans la botte de l’Éna, le jeune mathématicien qu’il fut aussi pouvait tout réussir.

Catholique social

Normalien, chercheur, il fut dans l’admiration du grand mathématicien Laurent Schwartz si préoccupé de justice sociale. Collaborateur d’Alain Cordier à l’AP-HP, il évolue dans un compagnonnage intellectuel autour du catholicisme social. Cela l’amènera plus tard chez les Premiers ministres Lionel Jospin et Jean-Marc Ayrault, dont il sera le conseiller social. Son action est tournée vers les questions d’emploi et de protection sociale. C’est un artisan de la CMU, des services à la personne et des chèques emploi-service. Il œuvre au dialogue social au début du quinquennat de François Hollande. Partisan du social à 100 %, il n’a toutefois pas pu refuser le poste de directeur de cabinet de la ministre de la Justice Marylise Lebranchu en 2000. Revenu au Conseil d’État, il en fut le secrétaire général. Mais le temps se fait rare pour ce père de cinq filles. Féru de littérature russe, il se passionne pour les polars américains et ne mésestime pas l’engagement physique. Bien au contraire.

Le Grenoblois Christophe Devys évoque dans son roman familial le grand alpiniste français Lionel Terray, vainqueur des plus hauts sommets et Conquérant de l’inutile.


Source : lequotidiendumedecin.fr