Entre la CSMF et MG France, deux conceptions de la médecine générale se sont toujours opposées. Mais on l’avait pour ainsi dire oublié, ces dernières années, à la faveur peut-être de l’avènement d’un dispositif Médecin traitant, soutenu par la première et si proche de l’option référent, inventée par le second... La « Stratégie nationale de santé » de Marisol Touraine est sans doute en train de rallumer les oppositions. Ravivage des clivages, déjà mis en évidence par la récente constitution d’un « Front généraliste » (qu’un lapsus ferait confondre avec « Front de gauche »…), auquel a succédé mardi la présentation des « sept priorités » du tout nouveau président de l’UNOF, Luc Duquesnel.
Le désaccord ne porte évidemment pas sur l’urgence d’une revalorisation massive de la discipline, revendiquée par tous vos syndicats (FMF et SML compris). Mais sur la façon d’y parvenir concrètement. S’agissant de la généralisation du tiers payant, de la multiplication des maisons de santé ou de la forfaitisation de la rémunération, MG a pris le train du gouvernement et voudrait le faire avancer à vitesse TGV. C’est le choix d’une médecine de premier recours, plus intégrée au système, et d’un mode d’exercice plus collectif et forcément en rupture avec les piliers traditionnels du libéralisme. En face, l’UNOF regarde ces chantiers avec circonspection. Luc Duquesnel n’a rien contre le tiers payant social, rien non plus contre les maisons de santé (il a créé la sienne à Mayenne…) et sur la forfaitisation, n’est-ce pas la CSMF qui a porté le forfait médecin traitant et la dynamique ROSP ? Pour autant, la perspective d’un bouleversement du système l’inquiète. Et surtout pas question, pour lui, de sacrifier le paiement à l’acte sur l’autel de la prévention ou de la coordination des soins.
Entre les deux pôles du syndicalisme généraliste, les différences de positionnement ne sont pas seulement stratégiques. C’est aussi affaire de tactique. En rameutant carabins de l’ANEMF, internes de l’ISNAR et remplaçants de ReAGJIR autour de lui, MG France joue à fond la carte jeunes, accréditant ainsi que l’idée que l’avenir de la médecine générale passe par une rupture avec la médecine générale de papa. A l’inverse, en se présentant comme le syndicat « de tous les généralistes » l’UNOF fait un appel du pied aux fantassins de la médecine de premier recours, à ceux qu’on n’entend jamais, cette « majorité silencieuse » qui exerce, parfois en solo, souvent avec les moyens du bord…
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