Dans le dernier bulletin d’information de l’Ordre national des médecins, un dossier est consacré aux conflits d’intérêts entre les médecins et l’industrie pharmaceutique.
Il est rappelé que l’Ordre gère les contrats et conventions liant les médecins à l’industrie du médicament.
Il serait dorénavant opportun de s’inquiéter des conflits d’intérêts qui lient les médecins à la sécurité sociale. En effet, la dernière convention, signée par des syndicats sans scrupule qui ont vendu notre âme au diable sans nous demander notre avis, fixe les primes qui nous seront octroyées par l’assurance-maladie selon que l’on suivra ou non les objectifs listés.
La relation de confiance médecin patient devient de facto une relation de défiance médecin patient.
Les patients pourront désormais légitimement s’interroger sur la motivation de nos prescriptions et de nos recommandations : dictées par le souci de soigner au mieux nos patients ou déterminées par le souci de soigner notre portefeuille ?
Il en va ainsi du vaccin contre la grippe. Si 75 % des patients sont vaccinés nous aurons 140€ de prime ! Dès lors, personne n’empêchera nos patients de s’interroger sur nos arrière-pensées mercantiles lorsque nous les inciterons à se faire vacciner.
De la même façon, si nous réduisons drastiquement notre prescription d’antibiotiques, nous pourrons espérer 245 euros de prime. Faudra t-il attendre la pneumopathie ou la pan-sinusite ? L’abcès intracérébral ou la thrombophlébite post-infectieuse des sinus caverneux ?...
Quant aux génériques, si nous en prescrivons plus de 90 %, nous pourrons empocher jusqu’à 2 030 €. C’est la prime à la médiocrité. Ceux qui ont l’habitude de prescrire des génériques pourront bien expliquer à leurs patients que c’est pour des raisons économiques. Eux auront tôt fait de comprendre que leur médecin est parti prenante et que les économies réalisées sur leur dos iront dans la poche du bon docteur.
Pour ce qui est des objectifs de bonne pratique comme la surveillance des diabétiques ou le dépistage des cancers, il est honteux que la sécu veuille nous « récompenser » pour que l’on fasse bien notre travail.
Je terminerai mon billet d’humeur en m’indignant sur le fait que l’on récompensera à hauteur de 525 € les médecins qui utilisent un dossier médical informatisé en lieu et place d’un dossier papier. Je ne pensais pas jusqu’ici que l’informatique était une preuve de bonne médecine.
J’invite le Conseil de l’Ordre, que je remercie d’avoir pris position contre cette convention, de bien vouloir tancer les syndicats indélicats, pour qu’ils nous fournissent une affiche ad hoc à mettre dans nos salles d’attente, informant nos patients qu’un conflit d’intérêt nous lie malgré nous à l’assurance-maladie.
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