Relativement discret depuis le début du mouvement de grève des gardes des médecins généralistes, le Conseil national de l'Ordre des médecins est intervenu pour demander la nomination d'un médiateur. Il invite toutes les parties à une conciliation dans le but de trouver une solution « rapidement négociée » à un conflit qui semble devoir se prolonger.
Sans vouloir prendre parti dans un conflit de nature syndical, l'Ordre ne peut que constater « l'insuffisance des réponses apportées à un profond malaise qui touche non seulement la permanence des soins et la prise en charge des urgences mais la profession toute entière ».
La signature d'un accord entre le syndicat MG-France et les caisses d'assurance-maladie, qui a débouché, depuis le 1er février, sur la revalorisation d'un euro de la consultation et une majoration des visites de nuit n'a visiblement pas suffit à calmer la colère des médecins. Au contraire, le conflit a pris un tour nouveau avec la multiplication des coordinations, qui débordent désormais les syndicats traditionnels et accusent MG-France d'avoir signé « l'inacceptable ». « Notre mouvement ne cesse de s'amplifier. Il ne cessera que lorsque nous aurons obtenu de meilleurs conditions d'exercice, une revalorisation du statut du médecin généraliste et des honoraires décents », martèle le Dr Luc Duquesnel de la coordination des médecins de la Mayenne et représentant local de l'UNOF.
Trois « Jours sans toubib »
La surenchère entre les uns et les autres dans les revendications devrait se traduire, cette semaine encore, par de multiples actions destinées à frapper l'opinion publique et à entretenir l'intérêt des médias pour le conflit. Le 14, ce sont les coordinations départementales, fédérées depuis la semaine dernière, qui ont décidé de prélever 1,5 euro sur chacun de leurs actes au profit des Restos du Cœur. Le 15, une nouvelle journée « sans toubib » est organisée sous le slogan « le 15, faites le 15 », et à laquelle devraient également participer les médecins spécialistes. Elle sera suivie le 16 et le 17 d'un nouveau « week-end sans toubib » à l'appel de l'UNOF et du SML. Il s'agit donc de trois jours consécutifs pendant lesquels les cabinets médicaux seront fermés.
D'où l'inquiétude de l'Ordre des médecins qui estime que « la prolongation de cette contestation entraîne des perturbations qui exposent patients et médecins à de sérieux risques et mettent en péril la santé des patients ».
Si les autorités locales peuvent compter sur les médecins de SOS-médecins qui ne participent pas cette fois à la journée du 15 et sur les nombreux médecins réquisitionnés, par exemple ceux de la Garde médicale de Paris, les SAMU devraient être, une nouvelle fois, mis à contribution. « Les équipes sont mobilisés avec tout le personnel de réserve. On s'adapte à la situation, mais c'est vrai que le personnel commence à être épuisé », constate le Pr Paul Petit, président des SAMU de France. Il n'a remarqué aucun affaiblissement dans la mobilisation des médecins depuis la signature de l'accord.
Et la prolongation du conflit le préoccupe car il « comporte des risques pour les patients ». Il tient donc régulièrement informés de la situation les ministres concernés et souhaite une issue rapide qui, au-delà des questions de rémunération et de reconnaissance des médecins libéraux, réponde à la question de l'avenir de la prise en charge des urgences.
Dans ce cas-là, « on ne peut que rappeler aux médecins leurs règles déontologiques et souhaiter que ça s'arrange aux plus vite dans l'intérêt des patients », commente de son côté le Conseil national de l'Ordre.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature