Verrues ano-génitales dues au papillomavirus humain (HPV), les condylomes acuminés externes (CAE) sont responsables de lésions cutanées et de lésions des muqueuses. La transmission est essentiellement sexuelle et le risque de contamination après un contact sexuel est élevé. Malgré la multiplicité des traitements, la prise en charge thérapeutique reste difficile et se doit d'être prolongée.
Une étude prospective a été menée auprès de 1 381 médecins généralistes du réseau Sentinelles pendant quatre mois (de juillet à octobre 2000). Tout patient porteur de CAE était inclus. Cinquante et un pour cent des médecins ont participé à l'enquête. Parmi ceux-ci, 72 ont rapporté 100 cas de CAE dont 74 étaient documentés ; 64 % correspondaient à des nouveaux cas et 36 % à des récidives. Selon les critères du réseau Sentinelles, l'incidence annuelle des CAE en France est estimée à 23 000, en médecine générale, dont 15 000 nouveaux cas.
Comme dans les autres pays, il s'agit d'une population en majorité d'actifs (56 %). Les régions Ile-de-France et PACA sont les plus représentées. L'âge médian des patients est de 31 ans et celui au premier rapport sexuel est de 17 ans. Les hommes sont plus nombreux que les femmes (58,1 % contre 41,9 %). Dans cette étude, plusieurs facteurs de risque ont pu être retrouvés : l'homosexualité, surtout masculine (30 % des cas) ; la multiplicité des partenaires sexuels (30 %) ; les antécédents d'autres MST (7 %), de CAE (36 %), de condylome acuminé interne (8 %), de dysplasie cervicale (16 % des cas féminins), d'immunodépression (10 % des cas) ; le tabagisme (50 %).
L'initiative du traitement aux spécialistes
En adéquation avec les recommandations européennes, les médecins généralistes ont recherché une autre MST (positive dans 38 % des cas), une localisation interne (positive dans 24 %), ont examiné le partenaire sexuel et réalisé un frottis cervico-vaginal chez les femmes. Deux tiers des médecins généralistes laissent l'initiative du traitement aux spécialistes (dermatologues ou gynécologues) et se contentent de le renouveler.
Dans une seconde étude, 297 malades ont été inclus par 104 spécialistes. Les patients étaient pour 59,3 % des hommes et l'âge moyen était de 33,8 ans. A l'inclusion, 31,8 % des malades avaient déjà consulté pour CAE et 40,7 % avaient des lésions qui évoluaient depuis trois mois. La majorité des CAE était asymptomatique (parfois, prurit chez les femmes). Dans 90 % des cas, la recherche d'une autre MST a été effectuée (positive dans 10 % des cas). La recherche de CA internes a été faite chez les femmes par frottis cervical et colposcopie. Une anuscopie a été effectuée chez 12,1 % des malades. Des localisations péri-anales étaient présentes chez 21,1 % des hommes et 32,5 % des femmes. Des lésions internes étaient retrouvées chez 12,4 % des malades. Il apparaît ainsi que le nombre de frottis cervicaux dans l'exploration des CAE reste encore insuffisant, que l'anuscopie reste un examen peu préconisé alors que les lésions péri-anales sont fréquentes, notamment chez les femmes. Soixante-treize malades suivaient déjà un traitement prescrit. Le jour de la consultation, le médecin enquêteur prescrivait un traitement dans tous les cas, médicamenteux dans 74,7 % des cas. Trente pour cent des patients ne sont pas revenus en consultation. Parmi les autres, l'observance du traitement des CAE a été jugée bonne pour les trois quarts. Les patients perdus de vue étaient des patients jeunes et, le plus souvent, asymptomatiques. Par ailleurs, les pertes de vue étaient d'autant plus importantes qu'un rendez-vous n'avait pas été fixé par le médecin pour une consultation ultérieure.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires 3M Santé, à laquelle participaient A. Flahault, M. Pelisse, S. Aractingi, R. Barasso et C. Thiriet.
Un modulateur de la réponse immune
Aldara 5 % crème (imiquimod) inaugure une nouvelle classe thérapeutique dans le traitement des CAE. Cette molécule, issue de la recherche 3M, est un modulateur de la réponse immunitaire au niveau cellulaire par induction locale de cytokines comme l'interféron-a, le TNF et des interleukines. A l'inverse des traitements destructeurs, jusque-là préconisés dans la prise en charge des CAE, Aldara 5 % restaure un processus immunitaire physiologique. La crème est applicable par le patient lui-même et son action locale, antivirale indirecte, en fait un traitement efficace et sûr. Bien toléré, Aldara 5 % est préféré aux traitements physiques classiques par la majorité des patients.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature