Les infections ano-génitales à papillomavirus sont une des maladies sexuellement transmissibles les plus répandues. Connues depuis l'antiquité, elles se traduisent par des manifestations cliniques patentes, comme les condylomes acuminés (CAE) (ou verrues ano-génitales « crêtes de coq ») et également par des formes infracliniques latentes, multifocales constituant des réservoirs de virus.
Selon des enquêtes américaines, entre 1 et 5 % de la population sexuellement active seraient touchés. On considère que de 4 à 13 % des personnes venant consulter pour une MST active présentent des condylomes acuminés. L'incidence des lésions génitales à HPV a considérablement augmenté chez les hommes, passant de 70 à 300 pour 100 000 entre 1971 et 1994.
Les adultes jeunes
La préoccupation majeure de cette infection, marquée par la contagiosité élevée et la fréquence des récidives, est le potentiel oncogène. Si la contamination sexuelle est la voie la plus habituelle, il ne faut pas occulter les contaminations par contact externe, les risques d'autocontamination, de contamination manuportée ou mère-enfant lors de l'accouchement. Les adultes jeunes sont de loin les plus touchés, les hommes de 20-24 ans, les femmes de 16-24 ans, ayant de nombreux partenaires sexuels.
Les homosexuels sont fortement contaminés. Les séropositifs pour le VIH ont une prévalence accrue d'infections ano-génitales à HPV, à haut risque oncogène, par rapport à la population générale. L'augmentation de l'incidence du cancer anal chez les homosexuels séropositifs et le rôle du HPV dans son développement est bien établie : le risque de cancer anal est multiplié par 63 au stade sida. Les HPV sont reconnus comme étant responsables de 80 à 100 % des cancers épidermoïdes de l'anus.
A ce jour, les données sur le condylome chez l'homme, en France, sont peu nombreuses. Une enquête, ECHO, réalisée en France entre janvier et mars 2002 chez 45 dermatologues, sur 193 patients masculins (âge moyen 35 ans), consultants pour un CAE et présentant un « comportement à risque », a cherché à mieux cerner les caractéristiques cliniques et épidémiologiques de cette MST. A partir de deux questionnaires, l'un confidentiel pour le patient, l'autre destiné au dermatologue traitant, il est apparu que le nombre de partenaires sexuels, que les patients soient homo-, bi- ou hétérosexuels, étaient de 3 durant les trois derniers mois et de 7,9 au cours des douze derniers mois. Un relâchement certain des moyens de prévention était constaté, puisque près des trois quarts des patients interrogés n'utilisaient pas le préservatif de façon systématique... Cette pathologie paraît fortement récidivante : 40 % des patients avaient déjà consulté et été traités pour un épisode identique, la majorité des patients avaient déjà eu un ou trois épisodes et 10 % d'entre eux étaient à plus de dix épisodes. Les lésions condylomateuses chez un quart des patients étaient multiples, situées surtout au niveau de la région péri-anale et le fourreau de la verge. La découverte des lésions a été faite presque toujours par les patients eux-mêmes. Si 85 % d'entre eux savaient qu'il s'agissait d'une MST et que 75 % en ont parlé à leur partenaire, seulement un sur deux a consulté.
L'anuscopie systématique
Cette enquête révèle également que les lésions internes, notamment anales, ne sont pas recherchées dans un tiers des cas et que, malgré les recommandations internationales, l'anuscopie n'a pas été pratiquée dans 43 % des cas, alors que cet examen devrait être systématique. Les MST étant souvent associées (plus d'un tiers des patients avaient des antécédents de MST et 13 % étaient séropositifs pour le VIH), on remarque que les sérologies de la syphilis, du VIH, de l'hépatite B, ne sont pas non plus systématiques. Quant aux traitements instaurés en majorité par les dermatologues, ayant pour but la disparition des éléments macroscopiques pour diminuer le risque de dysplasie, et donc de cancer, ils sont efficaces mais vécus comme douloureux, contraignants par les patients, avec un retentissement psychologique important, provoquant un changement dans leur vie sexuelle. La cryothérapie est le traitement le plus préconisé (72 % des cas), suivie de traitements topiques destructeurs ou immunomodulateurs (Aldara crème à 5 %). Ces traitements sont fréquemment combinés (dans 40 % des cas).
La surveillance des CAE chez l'homme est donc un enjeu important. La surveillance anale chez les sujets à risque, les homosexuels et les patients positifs pour le VIH est impérative dans le cadre de la prévention du cancer anal. Notons que les femmes sont beaucoup mieux surveillées pour cette MST car les consultations gynécologiques sont régulières.
Conférence de presse organisée par les Laboratoires 3M, avec, pour intervenants, le Dr Ch. Drobacheff-Thiebaut (dermatologue, centre hospitalier de Besançon), le Dr Soudan (gastro-entérologue, proctologue, Paris), le Dr F. Mouly (dermatologue, Paris).
Une plaquette d'information
Les Laboratoires 3M, toujours soucieux d'une meilleure information des patients via les médecins, viennent d'éditer une plaquette réalisée par le Dr Mouly sur « Les condylomes ano-génitaux de l'homme ». Son objectif est « d'informer le patient, de le rassurer mais aussi de favoriser le dépistage, la prise en charge précoce, la surveillance de cette MST ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature