Les conjonctivites saisonnières sont le plus souvent liées à une allergie pollinique, voire aux moisissures, et de diagnostic habituellement facile. Bilatérales, elles associent un il rouge, larmoyant, à un prurit important qui constitue un élément d'orientation diagnostique, de même que la concomitance quasi constante d'une rhinite allergique. Leur survenue de façon récurrente aux mêmes périodes de l'année est également évocatrice du diagnostic. Les conjonctivites perannuelles, plutôt en rapport avec les acariens ou d'autres allergènes domestiques, réalisent un tableau clinique similaire mais chronique et moins marqué, la rhinite étant, dans ces cas, inconstante. Ces deux formes se compliquent très rarement d'une kératite et sont de bon pronostic. Il faut cependant connaître l'existence d'autres formes cliniques, certes plus rares, mais pouvant menacer le pronostic visuel. Ainsi, les kératoconjonctivites vernales ou printanières (à différencier des conjonctivites saisonnières), qui intéressent les enfants, surtout les garçons avant la puberté, et les kératoconjonctivites atopiques qui entraînent des signes locaux majeurs avec photophobie extrême, pouvant menacer le pronostic visuel. Il faut encore citer les kératoconjonctivites gigantopapillaires, survenant avant tout chez les porteurs de lentilles, et les eczémas de contact. En présence d'une conjonctivite saisonnière ou perannuelle, un bilan allergologique est utile, pour permettre, d'une part, une éviction de l'agent causal et, d'autre part, une désensibilisation éventuelle. A cet égard, il est maintenant possible de réaliser, dans certains centres, des tests de provocation conjonctivaux.
Les formes compliquées ou résistantes au traitement de première intention
Le traitement doit faire appel à des produits non cortisonés, en raison des risques iatrogènes des corticoïdes, notamment infectieux. Heureusement, nous disposons de traitements locaux efficaces chez la majorité des malades et bien tolérés, qu'il faut associer à un rinçage pluriquotidien au sérum physiologique (sans conservateur). Les collyres antihistaminiques, à raison de 1 à 2 gouttes, quatre fois par jour, agissent très rapidement. On y ajoute un antidégranulant mastocytaire local, à titre de traitement de fond, voire d'attaque, dans les formes modérées (1 à 2 gouttes, trois fois par jour). Il existe également sur le marché un collyre combinant les deux effets (kétotifène), et d'autres produits de ce type sont attendus. Enfin, un traitement général antihistaminique peut être utile en cas de rhinite associée. La prise en charge des autres formes nécessite le recours au spécialiste qui seul sera à même de prescrire d'autres traitements tels que corticoïdes ou ciclosporine en collyre.
D'après un entretien avec le Dr Serge Doan, hôpital Bichat, Paris.
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