Pic entre 7 et 10 ans
Atteintes aiguës ou dégénératives du nerf optique, les névrites optiques de l’enfant peuvent se rencontrer à tout âge, avec un pic de fréquence entre 7 et 10 ans. Garçons et filles sont touchés de manière quasi identique (10 filles pour 7 garçons). La découverte de cette atteinte a souvent lieu à l’occasion d’un bilan systématique, parfois au décours d’un accident (traumatisme oculaire unilatéral, frottement d’un oeil...), plus rarement devant une gêne visuelle, voire un fléchissement scolaire. Dans cette dernière circonstance, il est important d’y penser car les enfants prennent l’habitude de compenser leur déficit.
Brutale
Comme chez l’adulte, la baisse de l’acuité visuelle est généralement brutale (mais pas nécessairement), parfois douloureuse (50 % des cas), d’intensité variable (inférieure à 5/10e, souvent 1/10e, voire 1/40e dans certains cas).
Le fond d’oeil est moins souvent normal que chez l’adulte. Les névrites optiques rétrobulbaires (NORB) sont rares. Le fond d’oeil objective un aspect de papillite, montrant un flou papillaire et quelques rares hémorragies.
Scotome central
Les examens cliniques complémentaires seront réalisés si cela est possible, compte tenu de l’âge de l’enfant. Le champ visuel montre un scotome central plus ou moins étendu, l’examen des couleurs peut retrouver certaines perturbations, les potentiels visuels évoqués confirment le diagnostic. Un bilan pédiatrique ORL et stomatologique est indispensable du fait de la fréquence des causes infectieuses. Un bilan neuroradiologique, en particulier IRM, sera réalisé ; il permettra d’apprécier l’état du nerf optique et de l’encéphale, et d’éliminer une autre pathologie. Un bilan biologique sera pratiqué en fonction de l’étiologie suspectée. Enfin, l’intérêt de la ponction lombaire se discute seulement dans le cadre de recherches virales (PCR) : maladie de Lyme, rougeole, rubéole, herpès... ou lors d’une vaccination récente.
Infection
Les étiologies sont le plus souvent postinfectieuses et la névrite optique apparaît quelques semaines après cette infection. Toutes les maladies virales (éruptives ou non) peuvent être incriminées, ainsi que d’autres maladies infectieuses : fièvre Q, maladie de Lyme, herpès... Selon la littérature, 5 % à 55 % des étiologies peuvent être inflammatoires, mais le diagnostic est souvent fait a posteriori. Si l’enfant est âgé de plus de 10 ans et s’il a une atteinte unilatérale, il faut absolument penser à une sclérose en plaques. Une inflammation du nerf optique est souvent possible par atteinte de voisinage ; il s’agit essentiellement de sinusites, ethmoïdites, méningites (en particulier d’origine tuberculeuse).
Avitaminose
Enfin, les causes toxiques et iatrogènes sont plus rares chez l’enfant que chez l’adulte, mais il faut y penser (avitaminoses B1 et B12...) ; les causes tumorales sont généralement diagnostiquées par l’IRM, les causes vasculaires, métaboliques et systémiques (diabète, lupus...) sont rares chez l’enfant. Quant aux causes dégénératives héréditaires (maladie de Leber...), leur diagnostic repose sur un bon interrogatoire et sur leur évolution.
Pronostic
Le pronostic de ces névrites est généralement bon, avec restitution ad integrum rapide. Les récidives sont relativement rares (20 % des cas). Dans ces cas-là, il est impératif de penser à une sclérose en plaques. Le traitement est en premier lieu celui de la cause : suppression du toxique, si besoin est, antibiotiques si nécessaire. Un éventuel traitement par corticoïdes sera institué en fonction de l’importance de la gêne visuelle. Si celle-ci est peu importante et/ou unilatérale, il est préférable de s’abstenir. En revanche, si elle est sévère et/ou bilatérale, un bolus de corticoïdes permettra d’accélérer l’amélioration, mais une grande prudence s’impose et il importe de s’assurer (tout comme chez l’adulte) qu’il n’existe pas de cataracte sous-jacente.
> Dr BRIGITTE VALLOISD’après la communication de C. Orssaud (Paris), lors des 8es Rencontres de neurologie (Paris).
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