De notre correspondant
Comme le rappelle le Pr Claude Got, président du collège scientifique de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, la moitié des pays européens appliquent désormais le principe de la tolérance zéro face à la conduite sous l'emprise de drogues, alors que les autres ne sanctionnent les conducteurs que s'il a été prouvé que les substances qu'ils ont consommées altèrent leur conduite. « Mais nous manquons dramatiquement de données pour évaluer ces politiques », regrette le Pr Got. Il souhaite qu'une meilleure coopération entre tous les pays réponde à cette carence.
Le dépistage du cannabis au volant est d'autant plus difficile à réaliser que les examens d'urine ou de sang sont assimilés à des actes médicaux dans plusieurs pays, et ne peuvent donc pas être pratiqués par un gendarme au bord de la route. Si les tests de salive constituent une alternative prometteuse, ils ne sont pas encore jugés fiables pour le moment. Tandis que le cannabis reste la substance illicite la plus fréquemment dépistée chez les automobilistes, et ce dans tous les pays, l'utilisation de benzodiadépines, y compris à des doses thérapeutiques, est plus fréquente dans les pays du sud que dans ceux du nord de l'Europe.
Selon le Dr Han de Gier, psyschopharmacologue à l'université d'Utrecht (Pays-Bas), les quelques enquêtes menées sur leurs effets sur la conduite montrent que, même à doses modérées prescrites comme traitement, « 70 % des conducteurs prenant ces médicaments présentent une altération de leurs facultés de conduite ».
Enfin, au-delà de ces produits, le groupe Pompidou veut lancer des études plus précises sur les effets de la méthadone et des traitements de substitution aux drogues sur la conduite.
Le Pr Got souhaite que la mise au point d'outils d'évaluation s'accompagne de réponses politiques et juridiques claires et lisibles. « Il faut savoir aussi si les politiques de lutte contre la drogue au volant s'inscrivent uniquement dans une perspective de sécurité routière, ou si elles entrent dans le cadre plus large de la prévention des toxicomanies », rappelle-t-il, avant d'insister sur la nécessité de « décloisonner les interventions » : médecins, toxicologues, gendarmes et juristes doivent travailler plus étroitement ensemble, pour préparer les mesures qui répondent vraiment aux besoins, et qu'il appartiendra ensuite aux hommes politiques de mettre en œuvre ou de faire évoluer.
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