Le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, a rencontré Yasser Arafat à Gaza. Les deux hommes ont conclu un premier accord de coopération sur la sécurité et vont se retrouver bientôt.
Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, avait exigé au moins quarante-huit heures de calme avant d'autoriser la rencontre. Il ne les a pas eues. Pendant que MM. Arafat et Peres discutaient, des incidents avaient lieu un peu partout et un Palestinien avait été tué. Quelques jours plus tôt, deux Israéliennes ont été assassinées à vingt-quatre heures d'intervalle. M. Sharon n'aurait jamais donné son feu vert à la reprise des négociations si les Américains ne l'y avaient littéralement forcé. Ainsi se reproduit le scénario de la guerre du Golfe : le président George Bush de l'époque, donc le père de l'actuel président, n'a pas organiser sa coalition contre l'Irak qu'en excluant Israël, à la demande des Saoudiens. Saddam Hussein n'en a pas moins bombardé Israël au moyen d'une quarantaine de missiles SCUD qui ont fait des victimes et de très gros dégâts matériels sans qu'Israël ne lance de représailles.
L'Arabie saoudite vient de rompre ses relations diplomatiques avec le gouvernement de Kaboul. Elle ne l'aurait pas fait si elle n'avait obtenu l'engagement formel des Etats-Unis à réactiver le processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
Cette technique diplomatique du bras de fer n'est pourtant pas négative. M. Peres a reconnu que M. Arafat avait fourni des efforts substantiels pour réduire le niveau de violence et qu'il y était parvenu. Les défis lancés par le Hamas, le Djihad et même le Fatah, d'obédience arafatiste, ont prouvé que l'influence du président de l'Autorité palestinienne diminue un peu plus chaque jour. M. Peres a compris que, si on continuait à réclamer le retour au calme comme préalable, aucun progrès ne serait accompli. Il a trouvé chez les Américains le soutien que ne lui ont pas accordé ses collègues du gouvernement. Il travaille sur une corde raide, et bien qu'il soit obligé d'en référer à M. Sharon pour la moindre initiative, il est en train de démontrer que son approche est la plus efficace : une politique de force ne garantit pas la sécurité des Israéliens, comme M. Sharon a voulu le leur faire croire.
Ce qui ne suffit pas du tout à régler le problème. On n'en est plus à définir les frontières de l'Etat palestinien. On se contente de savoir de quelle manière il est possible d'arrêter l'intifada sans que les Palestiniens ne perdent la face. Un an de violences a effacé sept années de négociations.
Aucune solution n'est possible au Proche-Orient si l'accord n'est pas partiellement imposé. Et seuls les Américains pourront le faire, car les Israéliens se méfient beaucoup des Européens qu'ils jugent trop favorables à M. Arafat. M. Sharon n'a pas réussi à assimiler, aux yeux de l'opinion internationale, la violence de l'intifida à celles des terroristes qui ont sévi aux Etats-Unis ; il n'a pas pu davantage empêcher la reprise des pourparlers. Les Américains doivent maintenant le convaincre qu'il doit regrouper les colons, peut-être en rapatrier le plus grand nombre et laisser les Palestiniens créer leur Etat en Cisjordanie et à Gaza. Ou bien M. Sharon accepte le verdict de l'histoire, c'est-à-dire la volonté de ses puissants alliés ; ou bien il n'est pas l'homme de la paix, et il doit céder la place à une équipe déjà préparée à conclure un accord avec M. Arafat.
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