Malade, danger
DE NOTRE CORRESPONDANT A NANCY
HOSPITALISER des détenus et des patients qui ne le sont pas dans le même espace, au sein d'un service de psychiatrie notamment, est loin d'être simple. Il faut tout d'abord éviter aux premiers de profiter de la situation pour s'évader de l'unité hospitalière, surtout quand il s'agit de psychopathes dangereux. Il faut néanmoins pouvoir leur assurer des soins de qualité sans pour autant mettre en danger la vie du personnel. Mais il faut éviter les répercussions de la présence des détenus et des mesures de sécurité qu'elles engendrent sur la qualité de la prise en charge des patients du service. On sait, par exemple, qu'il est fréquent d'hospitaliser les patients dépressifs qui ont tenté de mettre fin à leurs jours, dans leur intérêt. Mais soigner sa dépression dans une chambre d'hôpital équipée de barreaux aux fenêtres ne favorise pas un rétablissement du moral.
Pour améliorer la qualité de la prise en charge dans son service de psychiatrie et psychologie clinique au CHU de Nancy, le Pr Jean-Pierre Kahn a dû revoir complètement le dispositif de sécurité. Un réseau de vidéosurveillance a été installé, parallèlement à une réorganisation de l'espace avec délimitation des zones dangereuses et sas de sécurité. Des agents de sécurité ont été recrutés. Ils sont capables d'intervenir très rapidement au sein même du service. Les soignants ont été équipés de dispositifs d'alerte qui leur permettent de déclencher une alarme dans l'unité de soins et de prévenir l'équipe de sécurité. Il s'agit de bracelets portés discrètement sous la blouse, sensibles à la moindre pression.
En marge de ces éléments que l'on peut qualifier de visibles, il y a les autres. Comme l'utilisation de châssis et de verres spéciaux en encadrements extérieurs de fenêtres. Cette surfenêtre extérieure évite les barreaux en acier, tout en offrant les mêmes garanties de sécurité. Une innovation conçue pour passer inaperçue mais très visible dans les comptes des gestionnaires. Chaque encadrement coûte près de 8 000 euros et une trentaine de fenêtres ont été équipées dans le service.
Pour la petite histoire, c'est en réglant une amende au commissariat de quartier que Jean-Pierre Kahn a appris l'existence de ces fenêtres sécurité. Le commissariat tenait l'information de collègues corses. Quant à l'ensemble des dispositifs du service, les concepteurs du système de surveillance de l'Uhsi** de Nancy s'en sont inspirés. Un hôpital-prison qui fait référence, puisque le directeur de la prison de Sapporo, au Japon, est venu le visiter.
* Unités de consultations et de soins ambulatoires : ces unités sont situées dans les établissements pénitentiaires mais leur gestion est confiée aux hôpitaux publics de proximité.
** La première unité hospitalière sécurisée interrégionale, mise en place par Dominique Perben, l'a été dans le CHU de Nancy, qui abrite aussi le service cité dans cet article.
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