AU DEBUT DE MARS, la Caixa Bank lançait un compte rémunéré à 1,5 % à partir de 1 500 euros. A la fin de mars, la Banque privée européenne annonçait sa décision de rémunérer, au taux unique de 1,5 %, la fraction du solde dépassant 2 000 euros pour les dépôts sur les comptes de chèques de ses clients détenteurs d'une convention BPE (compte de chèque, carte bancaire, abonnement Internet, etc.). A la mi-avril, les caisses d'épargne leur emboîtaient le pas en proposant à leurs clients une rémunération dès le premier euro déposé à 0,5 % (jusqu'à 2 500 euros) et éventuellement à 1 % au-delà, sous réserve qu'ils aient souscrit à un forfait Satellis.
Une décision qui s'inscrit dans la foulée de l'arrêté du 8 mars 2005 du ministère de l'Economie et des Finances relatif à l'abrogation des textes réglementaires interdisant la rémunération des comptes de dépôts à vue (« Journal officiel » du 16 mars). Cette décision pose un point final au conflit qui opposait depuis plusieurs années, la filiale française de la Caixa Bank et la Commission bancaire, au motif que la première avait rémunéré des comptes à vue de sa clientèle. Un conflit porté devant le Conseil d'Etat, puis devant la Cour européenne de justice, celle-ci ayant donné gain de cause à la Caixa Bank au grand dam des banques françaises : les banques actives en France allaient pourvoir verser des intérêts sur les comptes courants de leurs clients, quitte à leur facturer par la suite d'autres services. Sommé d'autoriser la rémunération des comptes à vue, le gouvernement français vient donc de publier un arrêté en ce sens.
Une offre à conditions.
Pourtant, la rémunération des comptes à vue des clients de la Banque privée européenne, de la Caixa Bank ou de la Caisse d'épargne est loin de faire tâche d'huile. Beaucoup de banques françaises jouent la montre, en argumentant que la rémunération des comptes ne correspond pas une forte demande de leur clientèle, et que peu de Français sont prêts à accepter la facturation de leur chéquier.
Il faut en outre faire les bons comptes. Car sous l'offre alléchante de la Caisse d'épargne se cache une stratégie évidente : pour un solde de 1 000 euros, la rémunération rapporte au détenteur du compte 5 euros par an (fiscalisés, les intérêts étant soumis à l'impôt sur le revenu et aux cotisations sociales), tandis qu'il lui faudra payer au minimum 5,30 euros par mois de souscription au forfait Satellis Direct (le plus petit des trois forfaits imposés pour bénéficier de l'offre). Bien évidemment, le forfait Satellis donne droit à différents services, dont une Carte Bleue internationale Visa à débit immédiat. Mais il vous en coûte au moins 5,30x12 = 63,60 euros pour une carte à débit immédiat, quelques menus services, et le droit de gagner 5 euros à la fin de l'année grâce à la rémunération de votre compte si vous y laissez en moyenne dormir 1 000 euros chaque mois. Sous cet angle, l'offre paraît bien moins « révolutionnaire » que ne veut le laisser croire le tapage publicitaire qui a accompagné le lancement de ce produit.
Des taux bien faibles.
Pour résumer, sauf à être déjà client des caisses d'épargne ou à être un inconditionnel du forfait (qui, pourtant, est rarement intéressant car peu de clients utilisent tous les services auxquels ils souscrivent), mieux vaut y regarder à deux fois. Du côté de la Caixa Bank, vous devrez intégrer dans vos simulations des frais annuels de tenue de compte élevés (12 euros). Le tout pour un rendement de 1 à 1,5 %. Seuls les titulaires de comptes bien garnis peuvent éventuellement s'y retrouver. Et encore. Il serait alors plus judicieux de jongler avec un superlivret.
D'autant que l'heure est à des offres promotionnelles : ING-Direct vous offre en effet, cinquième anniversaire oblige, une rémunération de 5 % pendant cinq mois jusqu'à 50 000 euros (3,05 % au-delà) si vous ouvrez un livret épargne Orange d'ici au 31 mai. De son côté, Cortal-Consors propose à ses nouveaux clients souscripteurs du livret euro, un taux de 6 % jusqu'à 15 000 euros (3 % au-delà). A ce niveau, cela peut valoir le coup de dégainer sa calculatrice et de revoir, au moins pour quelques mois, la répartition de ses liquidités sans oublier de prendre en compte les éventuels frais annexes (frais de fermeture du livret ou frais de gestion par exemple).
Arrêté du 8 mars 2005 relatif à l'abrogation des textes réglementaires interdisant la rémunération des comptes de dépôts à vue.
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