Il y a longtemps que l'on n'avait pas eu de nouvelles de la dramaturge et romancière Esther Vilar, qui eut son heure de gloire il y a quelques années, avec des textes sensibles et puissants et parfois, pour certains, très discrètement humoristiques.
« Jalousie en trois fax » sent la fabrication, l'artifice consenti avec quelque chose d'une efficacité à l'américaine rendue en langue française avec un franc naturel par Sacha Zilberfarb et Marc Laignier. Mais on accepte d'autant mieux l'artifice qu'il est parfaitement mis en scène par Didier Long, toujours très précis dans ses décisions et qui s'appuie sur une habile scénographie de Claude Plet.
Paradoxalement, au cœur de cette fable, le regard sinon le voyeurisme, de rivales qui s'épient : paradoxe puisqu'ici, pas de regard échangé entre les protagonistes et c'est toujours difficile à jouer, à représenter. Trois monologues juxtaposés, croisés : A écrit à B qui lit sa lettre tandis que A poursuit comme si elle s'exprimait directement. Et ainsi de suite. Le procédé pourrait être lassant. Il fonctionne tandis que l'on accepte que chacune des trois femmes ait son univers propre, son âge, ses habitudes, son caractère.
Beau duo d'artistes
Audacieux, intrépide, orgueilleux pour la jeune femme qu'incarne Isabelle Gélinas, qui, littéralement, ouvre les hostilités en révélant à une épouse qu'elle a séduit son mari et en lui fournissant les preuves... Gélinas, sa belle présence, son beau regard, son habileté sensible, tout ici fait merveille. Son interlocutrice, cette femme flouée, jalouse, c'est Dominique Labourier dont l'ultra-minceur fait un personnage un peu sec, autoritaire, dominateur, mais qui laisse deviner le profond désarroi qui la mine. Beau duo d'actrices, qui savent jouer sur plusieurs registres et devront partager le malheur de l'arrivée d'une commune rivale, beaucoup plus jeune, que joue avec conviction mais sans originalité la charmante Eva Green.
C'est une comédie pour rire, une comédie assez rosse où l'homme que l'on ne voit jamais comme les femmes qui ne quittent pas le plateau, ne sont pas ménagés par un auteur féroce qui refuse toute leçon de morale...
Petit théâtre de Paris, à 20 h 45 du mardi au vendredi, à 18 h 30 et 21 heures le samedi. Durée : 1 h 30 sans entracte (01.42.80.01.81).
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