INSTAURANT le parcours de soins, la loi du 13 août 2004 sur la réforme de l'assurance-maladie a donné de nouvelles responsabilités aux assureurs privés en matière de santé. Le marché des complémentaires tend à évoluer vers une individualisation doublée d'une sophistication des besoins de santé. «On constate aujourd'hui une explosion des offres des complémentaires de santé, plus ciblées et plus personnalisées que jamais», souligne Josette Gueniau, directrice générale de Swiss Life, qui a animé la dernière conférence des Amphis de la santé, régulièrement organisés par « le Quotidien du Médecin » avec l'Essec et l'Association des cadres de l'industrie pharmaceutique.
Bonus-malus.
On se souvient qu'à la fin de l'année dernière, l'assureur MMA a commercialisé son contrat Double effet, en partie remboursable en fonction des dépenses sanitaires de l'assuré. Plus cher de 15 % par rapport à un contrat santé classique, ce produit s'adresse essentiellement aux jeunes personnes peu consommatrices de soins médicaux.
S'il n'est pas le premier assureur à avoir développé cette idée, le Groupe France Mutuelle ayant lancé une offre analogue dès 2004, MMA vise néanmoins 8 000 clients sur un million en portefeuille. Un nouveau type de contrat accueilli avec froideur, notamment par l'UFC-Que Choisir et par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui y voient un premier pas vers la démutualisation du risque au sein du régime des complémentaires de santé. Un produit susceptible en outre d'engendrer des effets pervers dans le cadre d'un système de bonus-malus de l'assurance santé. Simple coup marketing sans lendemain, ou produit répondant à une réelle attente des consommateurs, l'évolution de ce type de contrat sera très certainement scrutée à la loupe cette année par les observateurs et les firmes concurrentes.
Pour Josette Gueniau, la prime d'entrée pour ce type de contrat, de 15 % plus élevée que la moyenne, n'est «pas justifiée techniquement».
S'adressant à une clientèle jeune et peu consommatrice de soins, Swiss Life a lancé, à la fin du mois d'octobre 2006, ses « astucieuses », qui, moyennant un prix attractif, recentrent la complémentaire santé autour de garanties essentielles. Si l'ensemble des dépenses de santé remboursées par la Sécurité sociale est pris en charge, «l'assuré accepte de se passer de services qui ne lui sont pas indispensables, l'assistance et le remboursement intégral de certains médicaments, notamment ceux dits de confort».
Guerre des prix.
L'apparition d'offres de type « low cost » dans le marché des complémentaires santé est une suite logique dans la guerre des prix. Cette mouvance de la clientèle s'est traduite par un certain enchérissement des cotisations, au point qu'une partie sans cesse croissante de la population, notamment les jeunes, renonce à des soins pour des raisons financières. Une enquête de la Mutuelle des étudiants, publiée en septembre dernier dans le bulletin de la Mutualité française, indique que 23 % de la population étudiante et 13 % de la population générale sont concernés par cette privatisation sanitaire. En outre, plus de 10 % des résiliations de contrat d'assurance santé ne donnent pas suite à une nouvelle souscription de complémentaire santé.
Aux antipodes des offres « low cost », l'offre de produits à forte valeur ajoutée se multiplie chez les assureurs, avec une nette tendance à l'individualisation. «En plus des remboursements standards attendus d'une mutuelle privée, notamment en ce qui concerne la dispense de frais avec le tiers payant, différents services permettent d'accompagner l'assuré pour l'aider à mieux gérer son capital santé tout au long de sa vie.» A l'image de ce qui se fait dans le secteur, Swiss Life a ainsi créé en 2003 des outils d'information santé qui permettent à l'assureur de mieux cerner les besoins de ses clients. Des enquêtes annuelles font ainsi ressortir chez les assurés un besoin d'orientation, d'accompagnement personnalisé et d'information sur la santé.
Josette Gueniau cite les services de coaching arrêt du tabac et nutrition mis en place en 2004 et 2005, accessibles à tous les assurés. Enfin, le besoin d'orientation des assurés se traduit de plus en plus par l'accès à un réseau de soins défini spécifiquement selon les critères de chaque assureur qui décide ou non d'accréditer un professionnel de santé. Swiss Life, avec son réseau « carte blanche », bénéficie d'un réseau de 50 000 professionnels de santé partenaires accrédités. Si ces réseaux n'ont aucune légitimité institutionnelle en soi, force est de constater qu'ils constituent depuis leur création, il y a huit ans, une carte de soins en apparence sécurisée et labellisée pour les assurés.
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