LORSQU'UN ADULTE - entre 45 et 60 ans, précise l'auteur - dit à un jeune homme - qui peut avoir entre 20, et disons 27, précise également Austin Pendleton - « depuis que tu as huit ans, j'ai envie de toi », qu'est-ce que c'est ? Mais qu'est-ce que c'est sinon de la pédophilie triomphante ? Et lorsque l'adulte est le frère du père du jeune homme, son oncle, comment ça s'appelle ? Une forme très intellectuelle et totalement scandaleuse, d'inceste ?
Il paraît que l'on est une sotte si l'on ne comprend pas la haute portée d'une telle situation. Il paraît qu'on est une horrible petite bourgeoise, incapable de rien comprendre. Il paraît qu'on passe à côté d'un chef-d'œuvre et que l'on va priver un public intelligent, sensible, responsable, d'une occasion profonde de méditer.
Eh bien tant pis ! Récidivons. « Oncle Paul » (« Uncle Bob » : évidemment, l'ironie est dans « les belles histoires de l'oncle Paul » qui disent quelque chose au traducteur...) est une pièce mal écrite, très mal écrite, très mal construite. Elle est d'un effet lamentable. On voit mal ce que l'on pourrait sauver dans cette entreprise délétère, faussement courageuse. Il est très intéressant d'analyser les déclarations des protagonistes : Jean-Marie Besset, qui a traduit et co-signe la mise en scène avec Gilbert Désveaux. Ils ont un besoin éperdu d'étayer cette mauvaise sit-com toxique et scandaleusement outrancière de grands discours et de références à un tragique fondateur.
L'oncle, raté, comme écrivain et acteur, le neveu - raté, comme un raté - ont entre eux une famille pesante, un frère-père qui a repris les affaires familiales et entretient les protagonistes et les aime. Voilà pour les soubassements. On est loin des Atrides. Surtout dans la manière d'écrire. Paul, que sa femme a quitté quelque temps auparavant, a couché avec un type, un soir ; il a été contaminé par le sida ; son neveu vient s'offrir. Une manière d'en finir.
Besset en appelle à Bernanos, à Socrate. Mais il ne fait qu'ajouter à la médiocrité malsaine de cette entreprise. Les acteurs sont très mauvais. Ils ont du talent. Mais ils jouent très mal. Ils se sont convaincus qu'ils jouaient un chef-d'œuvre. Mais un interprète sincère et intelligent ne peut pas se mentir longtemps. Et ni François Marthouret, ni Pascal Rénéric ne sauraient mentir.
Théâtre du Rond-Point, salle Jean-Tardieu, à 21 h du mardi au samedi, à 15 h 30 le dimanche. Durée : 1 h 50 sans entracte. (01.44.95.98.00). Jusqu'au 27 juin. Le texte de l'adaptation est publié par L'Avant-Scène Théâtre N° 1160. 15 mai 2004. 11 euros.
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