Il A RECEMMENT été démontré que le virus non pathogène VGB-C freine la progression du VIH. Les personnes coïnfectées par les deux virus restent plus longtemps asymptomatiques et leur survie est prolongée même lorsque la maladie finit par se déclarer (voir « le Quotidien » du 4 mars 2004). Cependant, le mécanisme moléculaire par lequel le VGB-C ralentit le cycle du VIH n'avait pas encore été élucidé.
C'est maintenant chose faite. Une équipe américaine (université d'Iowa) vient en effet de découvrir que le VGB-C inhibe la réplication du VIH en stimulant l'expression de chimiokines qui se lient aux récepteurs CCR5 et CXCR4, deux corécepteurs impliqués dans l'entrée du VIH dans les cellules humaines. Le VGB-C semble en outre inhiber l'expression de CCR5. Le VGB-C freinerait donc la progression du VIH en s'opposant à son entrée dans les cellules humaines.
Il avait déjà été observé que la concentration plasmatique en chimiokines se liant à CCR5 et CXCR4 était anormalement élevée chez certains malades du sida dont l'infection progressait lentement. Xiang et coll. se sont demandé si l'effet du VGB-C ne passait pas par un mécanisme similaire. Pour tester cette hypothèse, ils ont choisi de travailler in vitro sur des cellules mononucléées extraites du sang périphérique de donneurs sains. Ils ont coïnfecté ces cellules avec les VGB-C et VIH, puis mesuré la réplication du VIH, la synthèse et la sécrétion des chimiokines et l'expression des récepteurs aux chimiokines. Les données obtenues ont été comparées à celles mesurées dans des cellules identiques uniquement infectées par le VIH.
Réduit le taux de réplication.
Il est apparu que l'infection par le VGB-C réduit significativement le taux de réplication de différentes souches de VIH. Le phénomène s'observe aussi bien avec les souches qui utilisent le corécepteur CCR5 pour entrer dans les cellules qu'avec celles qui se servent de CXCR4.
Les chercheurs ont par ailleurs observé que l'expression et la sécrétion des chimiokines Rantes, MIP-1 alpha, MIP-1 bêta et SDF-1 sont beaucoup plus importantes dans les cellules coïnfectées par le VGB-C. Ces chimiokines sont des ligands naturels des récepteurs du VIH. Xiang et coll. ont donc fait l'hypothèse que l'inhibition de la réplication de VIH induite par le VGB-C était une conséquence directe de la surexpression des chimiokines. L'utilisation d'anticorps qui neutralisent les chimiokines a permis aux chercheurs de vérifier cette hypothèse. Lorsque les chimiokines sont inactivées, le VIH se réplique normalement malgré la présence du VGB-C.
Parallèlement à son action sur l'expression des chimiokines, le VGB-C agit en outre sur la synthèse de CCR5 : le récepteur CCR5 est significativement moins exprimé par les cellules coïnfectées que par celles uniquement infectées par le VIH.
Pour Xiang et coll., la prochaine étape de ce travail doit consister à rechercher un moyen de mimer l'effet de VGB-C ou d'assurer la persistance de l'infection par ce virus. En effet, si 90 % des malades du sida sont infectés par le VGB-C à un moment ou à un autre de leur vie, le virus disparaît généralement assez rapidement de leur organisme. Dans ce cas, ils perdent tout le bénéfice apporté par la coïnfection.
Selon les auteurs, s'il existait un moyen d'assurer la persistance de l'infection par le VGB-C, l'inoculation de ce virus non pathogène pourrait conduire à l'obtention de charges virales aussi faibles que celles mesurées chez les malades qui suivent un traitement antirétroviral de type Haart.
J. Xiang et coll., « The Lancet » du 19 juin 2004, pp. 2040-2046.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature