L’ANNONCE DES MESURES contenues dans le troisième plan emploi a coïncidé avec le retour du taux de chômage sous la barre des 9 %. Le Premier ministre affirme que 250 000 emplois auront été créés cette année en France et que le taux de chômage descendra au-dessous de 8 % au plus tard en juillet 2007.
Un mieux indéniable.
On regrette que les chiffres et les projets annoncés par le chef du gouvernement aient été aussitôt contestés par la gauche politique et par les syndicats. S’il est vrai que M. de Villepin cherche à tirer profit des bonnes nouvelles et que ses initiatives en faveur de l’emploi sont aussi destinées à améliorer son image, les statistiques sont suffisamment concordantes pour que tout le monde admette désormais que, grâce à la croissance et aux mesures concrètes, parfois inspirées par ce qu’il est convenu d’appeler le « traitement social » du chômage, la situation sur le front de l’emploi s’améliore de mois en mois ; et qu’aucune des prévisions de M. de Villepin n’est déraisonnable.
Bien entendu, c’est un faisceau de facteurs qui a déterminé le recul du chômage : une croissance plus forte, une démographie en baisse, mais aussi le volontarisme du gouvernement qui s’est attaqué au fléau avec une énergie singulière et surtout avec un mépris total pour tous les dogmes.
La politique sociale du Premier ministre et de Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale, regroupe des actions pragmatiques et indifférentes aux idéologies : après avoir préconisé une politique essentiellement fondée sur la réduction des charges, chère aux théoriciens de la droite, la majorité n’a vu aucun inconvénient à ajouter à cette politique des éléments que les socialistes n’auraient pas reniés. Ils n’en sont que plus fautifs de bouder les résultats du gouvernement en les mettant entièrement au compte de phénomènes qui lui échappent, comme la baisse de la démographie ou de sa perversité (les chômeurs de longue durée seraient cruellement radiés des listes).
Stimulants.
Non : la conjoncture explique partiellement l’embauche (80 % des nouveaux emplois sont dans le privé), mais la multitude de stimulants mis au point par le gouvernement pour que les entreprises embauchent a eu son effet. Sinon, l’embellie aurait été de courte durée, avec des hauts et des bas, et même des rechutes. On assiste au contraire à un recul du chômage qui est substantiel, et qui se confirme mois après mois. C’est pourquoi il n’est pas excessif d’imaginer un taux inférieur à 8 % dans dix mois : la progression de l’emploi est bel et bien sur cette trajectoire.
PAS DE RECETTE MIRACLE:UN FAISCEAU DE FACTEURS ONT REDUIT LE CHOMAGE
Que le gouvernement accompagne ses résultats de commentaires tonitruants n’est que de bonne guerre, surtout en période électorale. Certes, il espère une traduction politique de son succès et c’est pourquoi il en amplifie la signification. Mais qui ne l’a pas fait avant lui ? Lionel Jospin ne revendique-t-il pas encore aujourd’hui les cinq années de croissance 1997-2002 qui ont coïncidé avec la période qu’il a passée à Matignon, mais qui ne sont pas entièrement le résultat de sa politique économique ? D’autant que le gouvernement Villepin a utilisé quelques-unes des recettes de la gauche, notamment pour les emplois jeunes (après que celui de Raffarin les eut annulées, il est vrai). Ce qui était bon hier ne le serait plus aujourd’hui ?
Mais on comprend l’inquiétude de la gauche : après quatre ans de vaches maigres, la dernière année du quinquennat est brusquement meilleure, le moral de la France remonte, la vie semble moins dure. Si les Français recommencent à croire en l’avenir, peut-être reconduiront-ils la majorité actuelle. C’est en tout cas ce qu’espère Dominique de Villepin qui, après un hiver éprouvant et un printemps atroce, trouve l’automne plus souriant.
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