Le déficit pour 2011 est de l’ordre de 90 milliards ; celui de 2012 est prévu à 84 milliards. En l’état actuel des dépenses et des recettes, il manque 10 milliards. Le gouvernement doit absolument respecter l’objectif 2012 s’il ne veut pas compromettre le retour à l’équilibre budgétaire en 2017, comme il l’a annoncé. La flopée d’augmentations d’impôts qu’il a prévues (hausse de la CSG, taxe exceptionnelle sur les très hauts revenus, adoption possible d’une TVA sociale, doublement de la recette de l’impôt de solidarité sur la fortune) ne suffira guère à maintenir l’objectif de cette année et celui de l’année prochaine, lesquels sont déjà excessifs. La déduction est donc facile : dès lors que François Hollande s’est engagé à recruter des enseignants et des fonctionnaires dans la Justice et la police, il est obligé de tailler encore plus dans les effectifs des autres ministères.
Une bonne comptabilité
On aura sans doute noté que les solutions mises au point par le gouvernement Fillon, décriées en permanence par les socialistes pendant la campagne électorale, commencent à devenir acceptables, en dépit du démenti du président. Sur un point au moins, le non-remplacement des fonctionnaires prenant leur retraite, un dogme socialiste risque de voler en éclats. Le recours à une TVA sociale, qui aurait pourtant l’avantage d’améliorer la compétitivité de nos entreprises, n’est pas confirmé en haut lieu, mais on va vite voir que le scandaleux remède d’hier deviendra demain le médicament miracle. Ancienne porte-parole du gouvernement Fillon et ministre du Budget, Valérie Pécresse s’empresse de déclarer que M. Ayrault se prépare à adopter des mesures « d’une brutalité inouïe ».
On peut même considérer, d’un point de vue plus général, qu’il n’était peut-être pas nécessaire de changer de majorité si le nouveau Premier ministre s’engage, en définitive, et malgré ses démentis, dans une politique à peu près identique à celle de M. Fillon. Heureusement, la question ne porte même plus sur le « changement historique » qui a donné à la gauche un pouvoir d’airain. Elle porte sur les impératifs catégoriques auxquels le pays doit se plier, quels que soient ses dirigeants. On a souvent dit que François Hollande est éminemment rationnel. Il pourrait finir par en donner la preuve, après avoir distribué quelques cadeaux propres à conforter les Français dans l’idée que ce pouvoir-ci est plus humain que l’autre. Il n’empêche que le président de la République ne s’abandonne pas au déni de réalité. Son Premier ministre, dans un entretien avec un journal allemand, vient de reconnaître que les euro-obligations ne peuvent être qu’une solution à long terme. Le credo d’Angela Merkel, qui explique que, pour emprunter au même taux que l’Allemagne, il faut une convergence des politiques budgétaires et fiscales au sein de la zone euro, a convaincu la France.
On s’écartera de la bataille gauche-droite pour constater que, à tout le moins, le nouveau pouvoir s’oriente vers des dispositions compatibles avec l’Europe et avec l’assainissement de nos comptes. Certes, il s’appuie plus sur les impôts, dans un pays qui geint sous leur poids, que sur la réduction des dépenses. Mais les chiffres sont là pour rappeler au gouvernement qu’il n’y a pas de remède idéologique à la crise. Il n’y a qu’une bonne comptabilité.
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