DE NOMBREUSES études ont mis en évidence le lien entre obésité et précarité en France, et dans la région Paca en particulier. « Obésité et précarité : mieux comprendre les liens pour enrayer le cercle vicieux » : tel était le thème d'un colloque récemment organisé à Marseille par le comité régional d'éducation à la santé.
Provence-Alpes-Côte d'Azur compte 10,9 % d'obèses (données 2006), un pourcentage qui reste inférieur à la moyenne nationale (12,4 %), mais certains signes sont alarmants, comme la hausse de la prévalence de 70,3 % en neuf ans. L'obésité touche particulièrement les personnes vulnérables, les enfants, les familles en difficulté… «Ce thème est une priorité en Paca, assure Joël Canapa,vice-président du conseil régional, délégué à la Solidarité, la Sécurité et la Prévention. Le problème doit être considéré certes comme un problème d'éducation à la santé, mais aussi dans ses aspects culturels et sociaux. Les exclus le sont encore davantage que les autres dans ce domaine aussi, et, en Paca, on compte 27,6% de travailleurs pauvres à moins de 700euros par mois.»
Selon une récente étude nationale de l'Insee sur l'obésité en France, les écarts entre catégories sociales s'accroissent. D'après l'observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans la région comme dans le reste du pays, la proportion d'obèses est plus élevée parmi les personnes de faible statut professionnel (ouvriers, employés et artisans commerçants) que parmi les personnes de statut socioprofessionnel élevé (professions intermédiaires et cadres) : 8,6 % contre 5,1 % en 2003. Les jeunes qui vivent dans une famille à bas revenus et dont les parents ont un faible niveau d'éducation connaissent également un risque accru d'être en surcharge pondérale.
C'est aussi ce que constate le Dr Céline Roman, responsable de la consultation obésité dans le service de pédiatrie de la Timone. «La prise en charge est plus difficile quand il s'agit de publics en situation de précarité. Il faut pouvoir amener l'enfant à la consultation, changer ses habitudes alimentaires, promouvoir l'activité physique, toutes choses qui ne sont pas faciles dans certaines familles méditerranéennes, dont certains membres n'adhèrent pas au projet. Et quand la famille n'est pas impliquée, c'est quasiment l'échec assuré.»
Quelles stratégies pour atteindre au niveau médical les couches sociales les plus touchées par l'obésité tout en luttant contre la stigmatisation des personnes obèses, contre l'obsession de la minceur et pour le développementd'images corporelles valorisant l'estime de soi ? Pierre Therme, professeur des sciences du sport, a fait un certain nombre de propositions autour de la pratique du sport en milieu scolaire, mais aussi dans un environnement de proximité.
Diverses expériences menées en Paca, notamment de nombreuses actions de prévention de l'obésité dans le milieu scolaire (à Aubagne, Gap…), ont été présentées au cours du colloque. Le Codes 13, en collaboration avec la Banque alimentaire des Bouches-du-Rhône, a pour sa part mis en place des actions de formation des salariés et des bénévoles des structures chargées de la distribution de l'aide alimentaire. Pour renforcer les connaissances de ces personnes sur la question et construire des outils de communication autour de la promotion d‘une alimentation favorable à la santé même dans une situation de précarité.
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