Comment concilier accès à l’innovation et maîtrise des coûts de santé ? « C’est le défi que doit relever notre société », a expliqué Jean-Jacques Zambrowski, lors des Rencontres de la cancérologie française. Et de rappeler : « en 1975, la Québécoise Odette Thibault considérait déjà que plus le droit de l’individu à la vie et à la santé coûtera cher, plus il se heurtera à des impératifs économiques de la part de la collectivité, dont les ressources ne sont pas inépuisables ».
Cancer, 14 milliards d’euros par an
Un message qui prend tout son sens aujourd’hui, à l’heure où les ressources s’amenuisent ; jusqu’à devenir un véritable dilemme pour les soignants. Car la France consacre environ 12,5 % de son PIB à la santé. Soit un peu moins de 4 000 euros par an et par habitant. D’où la tentation de montrer du doigt certaines pathologies, telles que les cancers, considérées comme sources trop importantes de dépenses.
Derrière les maladies psychiatriques (22,1 milliards d’euros) et les pathologies cardio-neuro-vasculaires (14,6 milliards), le cancer coûterait en effet chaque année 14 milliards d’euros. Soit, pour chacun des 2,47 millions de patients, un peu moins de 5 180 euros par an ; voire 10 730 euros par patient en phase active et par an, puisque 80 % de ces dépenses concernent le traitement des cancers en phase active. Ramené à un coût mensuel et par individu, le traitement en phase active d’un patient cancéreux n’excèderait donc pas 894 euros par mois, soit moins des deux tiers du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic).
Un chiffre qui doit permettre de relativiser le coût des cancers. D’autant que, selon l’OCDE, en Europe, la moitié de ces coûts concernerait la perte de productivité et des dépenses indirectes. Et selon cette étude de 2009, avec 110 euros dépensés par habitant et par an, la France se situerait juste au-dessus de la moyenne européenne (110 euros). Une performance qui s’expliquerait par le virage ambulatoire pris par l’Hexagone. D’où l’intérêt des médicaments innovants qui améliorent la survie tout en diminuant les effets indésirables. Ils permettent donc de réduire les durées d’hospitalisation et de favoriser le retour au domicile des patients souffrant de cancer. Dès lors, fixer un coût de seuil semble totalement inadapté car il est préférable d’encourager des dépenses rationnelles plutôt que chercher à les rationner.
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