POUR LE MOMENT, il semble que les Français demeurent relativement calmes face aux éléments qui agitent les banques d'affaires outre-Atlantique. On n'a pas vu de longues files d'attente d'épargnants venir réclamer leur solde de tout compte devant le guichet de leur banque… avec raison ! En effet, on ne peut pas mettre toutes les banques dans le même sac. Et il convient d'opérer une nette distinction entre les banques dites d'affaires et celles de dépôt. La désormais célèbre feue Lehman Brothers était une banque d'affaires de Wall Street, ce qui signifie que, à la différence d'une banque de dépôt, les particuliers ne venaient pas y déposer leur bas de laine. Ce type particulier de banques doit donc se refinancer auprès d'établissements financiers qui, aujourd'hui, refusent de leur prêter de l'argent, les uns préférant garder leurs fonds pour eux, les autres doutant désormais de la capacité de remboursement de ces banques d'affaires. On comprend donc pourquoi ce cercle infernal pourrait, de même que Lehman Brothers, ébranler Morgan Stanley et Goldman Sachs, les deux dernières banques d'investissement indépendantes américaines. Mais pourquoi, aussi, on est encore bien loin d'une situation qui mettrait en péril les banques de dépôt.
Bourse : pas vendu, pas perdu
Côté bourse, la tempête fait rage et la chute semble vouloir se poursuivre, même si certaines décisions rendent brutalement les bourses euphoriques. Mais, comme disent les boursiers avertis, tant que l'on n'a pas vendu, on n'a pas perdu. Autrement dit, le meilleur conseil reste de courber le dos en attendant que cela passe... Le CAC finira bien par remonter un jour. Et, ce jour-là, il sera temps de vendre. Les plus optimistes partent même à la recherche des bonnes affaires : rien de tel qu'une bonne dégringolade pour acheter à bas prix.
Pour autant, ce conseil évident de « conserver » ne peut pas être entendu de tous. Il y aura toujours des actionnaires qui n'arrivent pas à faire abstraction des variations de valeur de leur portefeuille, bien qu'elles demeurent finalement « virtuelles » tant qu'ils n'ont pas vendu, et d'autres qui ont besoin de récupérer leur mise, soulignant l'erreur de départ commise : on ne joue pas en Bourse des fonds qui devront être récupérés à une date dite, faute de quoi on s'impose une date de revente qui a toutes les chances de ne pas coïncider avec un cycle favorable du marché. Quoi qu'il en soit, ceux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas attendre des jours boursiers meilleurs et qui ont encaissé leurs moins-values vont devoir placer cet argent. Le livret A, le compte sur livret, les comptes à terme, ou les Sicav monétaires peuvent se révéler de bons choix.
Quels placements choisir ?
En ces temps mouvementés, nous renouvelons les conseils sécuritaires que nous vous donnons depuis quelques mois : on se replie, temporairement, sur des placements liquides sans risque. Au premier rang desquels le livret A et sa rémunération de 4 % net jusqu'à 15 300 euros. À ce propos, il faut noter que, le 1er janvier 2009, ce livret ne sera plus l'apanage des seules Caisse d'épargne, Banque postale et Crédit mutuel (ce dernier proposant le livret Bleu, équivalent du livret A) : tous les établissements pourront en effet commercialiser ce produit phare de l'épargne. Inutile donc de dire que la concurrence fait rage. Et pour faire venir à elles les clients, les banques n'hésitent pas à proposer des offres très attractives. Si vous vous engagez à ouvrir un livret A chez ING, l'argent que vous allez y verser bénéficiera jusqu'au 31 décembre 2008, d'un taux de 7 % brut (dans la limite de 15 300 euros), soit 4,97 % après prélèvement libératoire forfaitaire de 18 % et prélèvements sociaux de 11 %. Chez AGF, à l'ouverture de votre livret Atout avenir, la même rémunération de 7 % est garantie jusqu'au 31 janvier 2009, sous réserve de l'ouverture d'un livret A au sein de la banque avant le 31 mars 2009. De leur côté, les distributeurs historiques du livret A contre-attaquent sur d'autres terrains : la Banque postale relance sa campagne de communication « I love L.A. » et annonce la possibilité de souscrire un livret A via son site Internet à partir du 13 novembre. Les Caisses d'épargne, elles, ont choisi de chouchouter leurs meilleurs clients pour éviter qu'ils ne cèdent aux offres alléchantes du moment et ne partent avec leur livret A : il leur est proposé un livret dit « Grand Format », qui offre un taux net de 4 % pour 15 300 euros supplémentaires dès lors que le livret A est plein.
Du côté de l'assurance-vie, l'engouement est moins de mise, notamment sur les supports unités de compte, qui enregistrent une diminution significative (– 40 %) tandis que les versements sur les supports euros augmentent légèrement (+ 3 %), selon les chiffres de la Fédération française des sociétés d'assurance. Au total, «sur les six premiers mois de l'année, les cotisations collectées sur le premier semestre sont en baisse de 8% par rapport à la même période de l'année précédente». Il faut dire qu'avec une inflation de 3,5 % certains particuliers dont les contrats, peu performants, avaient rapporté moins de 4 % en 2007 ne voient plus, à juste titre, l'intérêt de leur placement, si ce n'est celui de la fiscalité en cas de succession. Inutile donc de dire que les yeux des épargnants seront rivés sur les résultats 2008. Or, baisse des marchés oblige, beaucoup d'établissements ne pourront offrir des taux alléchants que s'ils débloquent la fameuse « Provision pour participation aux excédents », qui n'est autre que des bénéfices financiers non distribués aux assurés et qui ont été mis de côté pour les temps durs (les assureurs sont seulement tenus de les redistribuer avant huit ans). Selon les chiffres du magazine « Mieux vivre votre argent », cette cagnotte vaut en moyenne 2 % de rendement. Bonne nouvelle, la MACSF, auprès de laquelle beaucoup de médecins ont ouverts un contrat, fait partie des bons élèves en la matière, avec 2,54 % en 2007. Reste que rien ne prédit si un assureur lambda va débloquer ou non cette fameuse cagnotte, et, le cas échéant, lequel de ses fonds va en bénéficier.
Votre bas de laine est-il garanti ?
Les plus pessimistes pourraient rétorquer que, finalement, leurs comptes bancaires ne sont guère plus en sécurité que leurs actions : et si ma banque faisait faillite ? Premièrement, nous l'avons vu, un distinguo doit être fait entre les banques de dépôt et les banques d'affaires. Deuxièmement, il faut savoir qu'il existe en France un Fonds de garantie des dépôts. Son principe est simple : tout établissement de crédit, agréé par le Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI) est, obligatoirement et de plein droit, adhérant au Fonds de garantie des dépôts. Même les banques en ligne adhèrent au système. Quid si votre banque devait faire faillite ? Vous seriez indemnisé par le Fonds dans la limite de 70 000 euros par déposant (espèces) et 70 000 euros par investisseur (titres). Attention ! ce plafond est plus faible, et proche de 20 000 euros, dans la plupart des autres pays de l'espace économique européen (comme les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, etc.) ; autrement dit, si vous avez été tenté par un livret ING, par exemple, votre argent est garanti à hauteur de 20 000 euros en cas de faillite.
Le plafond ainsi fixé par déposant ou investisseur s'applique à l'ensemble des dépôts ou actifs, net des dettes exigibles, d'un même déposant ou investisseur auprès du même établissement adhérent, quel que soit le nombre de comptes. Autrement dit, si vous n'avez pas mis tous vos oeufs dans le même panier mais que vous êtes, au contraire, client de plusieurs banques, vous êtes garanti à hauteur de 70 000 euros au maximum dans chacune d'entre elles.
Enfin, sachez que tous les types de dépôts qu'un client peut habituellement effectuer dans une banque sont pris en considération : dépôts à vue, dépôts à terme, comptes sur livret, plans d'épargne-logement, etc. Les textes applicables prévoient cependant un certain nombre d'exclusions, tenant compte du caractère « professionnel » du client ou de la nature du dépôt ou de l'investissement effectué. En ce qui concerne les titres, le Fonds de garantie des dépôts indemnise les clients pour les titres ou instruments financiers dont ils n'ont pu alors obtenir restitution, sur la base du cours observé à la date de leur indisponibilité.
Faillite des promoteurs : le vrai risque
Au final, le plus gros risque que l'on peut aujourd'hui pointer du doigt concerne l'immobilier. Alors que deux promoteurs, Celeos (Saint-Brieuc) et Brun Habitat (Alsace), viennent de déposer le bilan, on s'attend à d'autres banqueroutes et donc d'autres chantiers purement et simplement laissés en plan. L'heure est donc plus que jamais à la prudence sur le secteur de l'immobilier neuf, où les ventes de logements ont reculé de 34 % par rapport au deuxième trimestre 2007. Le choix du promoteur se révèle plus que jamais primordial (bonne santé financière, chantiers en cours qui se déroulent normalement, etc.) ! Méfiez-vous des contrats de vente assortis d'une garantie d'achèvement « intrinsèque » : ces garanties sont insuffisantes et ne vous couvrent pas en cas de faillite. Privilégiez en revanche les contrats sur lesquels figure une garantie « extrinsèque » d'achèvement des travaux ou de remboursement dans le cas où la construction ne serait pas menée à son terme : elle implique qu'un organisme extérieur apporte sa caution financière. C'est d'ailleurs le cas de tous les logements bénéficiant du label NF logement.
Si vous avez déjà signé pour un logement neuf sur plan (ou vente en l'état futur d'achèvement), il est certes trop tard pour se pencher sur la garantie. En revanche, pensez à vérifier, lors de chaque nouvel appel de fonds, que l'avancement des travaux est bien réel : pour cela, validez que votre promoteur vous a remis, lors de chaque appel de fonds, une attestation de l'architecte confirmant l'avancement du chantier.
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