De notre correspondant
Les écoliers britanniques restent les plus gros consommateurs de chips, de frites ou de boissons gazeuses ; les jeunes Ecossais complètent ce régime par quelques spécialités locales aussi succulentes que les beignets de Mars, c'est-à-dire les fameuses barres chocolatées plongées dans une friteuse avant consommation. Les petits Français n'en sont pas là, mais la proportion d'enfants trop gros est passée de 3 à 16 % au cours des dernières décennies ; au Danemark, on comptait deux fois plus de jeunes obèses en 1998 qu'en 1985.
Si les médecins, les enseignants et les professionnels de l'alimentation réunis à Strasbourg insistent sur le rôle de pédagogie nutritionnelle que peuvent jouer les cantines scolaires, à l'image de la France (voir encadré), beaucoup de pays ne disposent pas de telles structures. En Europe du Nord et au Royaume-Uni, les écoles proposent des « boutiques » où les élèves font leur « marché », souvent au mépris de l'équilibre alimentaire.
Des arguments plaisir
Le projet Young Minds (jeunes esprits), lancé en 2002 par le Danemark, en collaboration avec l'OMS, aide les lycéens de plusieurs pays européens à modifier eux-mêmes leur alimentation : réunis par un site Internet, les élèves ont repris l'habitude du petit déjeuner ou décidé de bannir les colas des distributeurs. Ils boivent de l'eau et prennent les salades et les fruits qu'ils méprisaient auparavant. Le projet fonctionne car les choix sont faits par les jeunes et non pas imposés par les adultes.
« Si on ne parle que de santé, ça ne marche pas, mais si on met en avant la qualité de vie et le plaisir, on obtient des résultats », ont souligné les participants au séminaire, qui souhaitent que l'alimentation à l'école devienne « une discipline à part entière », avec des échanges d'expérience et des méthodes bien évaluées. Enseignants et médecins veulent utiliser « les mêmes méthodes de marketing que l'industrie alimentaire », pour sensibiliser les jeunes aux produits sains, et l'appellent à modifier ses produits.
Interdits dans les écoles de certains pays, mais omniprésents dans d'autres, les distributeurs de sucreries et de boissons sont souvent critiqués, mais leur suppression n'est pas forcément la meilleure solution : mieux vaut sans doute y proposer des produits plus équilibrés et variés. Enfin, les experts appellent les écoles à organiser des « journées sans boissons sucrées » et à sensibiliser les élèves au monde de l'alimentation et de la production, par exemple en leur faisant visiter des sites agricoles ou redécouvrir les traditions culinaires de leur région.
Les écoles françaises se mobilisent pour l'eau, les fruits et les légumes
Intégrée dans le Programme national nutrition santé (PNNS), l'alimentation à l'école s'inscrit, en France, dans une politique globale et cohérente, incluant de nombreuses expérimentations locales et régionales. Ainsi, 17 établissements scolaires du Nord se sont engagés à faire augmenter de 40 % en deux ans la consommation réelle de fruits et de légumes. Pour cela, experts et cuisiniers ont travaillé sur la préparation et la saveur des légumes, jugés souvent trop fades, et constatent maintenant qu'ils ne reviennent plus avec les plateaux vides.
Comme l'a rappelé le Dr Michel Chauliac (direction générale de la Santé), les établissements secondaires sont encouragés à mettre des fruits dans les distributeurs de boissons et de confiserie... et l'expérience montre que les élèves les achètent effectivement. De même, la découverte des fruits, à la cantine, peut pousser les élèves à demander à leurs parents d'en acheter eux aussi. Beaucoup d'établissements se dotent de fontaines à eau, parfois financées par les bénéfices dégagés par les distributeurs de boissons. Enfin, le développement de nouveaux outils pédagogiques permettra aux enseignants de mieux aborder les questions liées à la nutrition ; en outre, le ministère propose aux infirmières scolaires des outils simples pour calculer l'IMC et dépister les enfants à risque, afin que leurs familles puissent être rapidement sensibilisées.
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