Un travail peut permettre de comprendre pourquoi le paludisme est lié épidémiologiquement à des infections secondaires et à une réduction de l’efficacité vaccinale.
Plusieurs publications ont fait état, lors de l’invasion d’un organisme par Plasmodium falciparum, d’une modification de la réponse immunitaire facilitant l’intrusion du parasite. Certains évoquent une forme de suppression généralisée de la réponse imunitaire en relation avec le Plasmodium. On recherche les mécanismes de cette hyporéactivité.
Certains ont évoqué une altération fonctionnelle des cellules dendritiques (CD), indispensables pour la mise en oeuvre de la réponse immunitaire primaire. Elles sont au centre de la régulation de la réponse immunitaire adaptative lors de toute infection.
Quelle est l’implication de ce phénomène isolé dans la cascade des fonctions immunitaires subséquentes ? Quel est le composant parasitaire qui préside à cette défection ?
Owain Millington et coll. (Glasgow) proposent des réponses à ces questions. Globalement, ils confirment que c’est bien Plasmodium falciparum qui inhibe l’induction de l’immunité adaptative aux antigènes hétérologues en agissant sur les fonctions des CD.
Les cellules dendritiques sont supprimées.
Les auteurs montrent in vitro et in vivo (chez la souris) que les CD sont supprimées par un parasite de la même famille, Plasmodium chabaudi. «L’activation des CD est altérée par les parasites dans leur forme intraérythrocytaire, en partie à cause du dépôt d’un pigment spécifique du plasmodium, l’hémozoïne, à l’intérieur de ces cellules», observent-t-ils.
Après la présentation des antigènes hétérologues par les CD portant les érythrocytes parasités, les cellules CD4 helper ne subissent pas leur mise en expansion habituelle et nécessaire à l’induction de l’immunité adaptative. Le phénomène est transposable à un autre animal.
Ensuite, la migration des cellules T vers les follicules lymphoïdes est abrogée. Ce qui provoque d’autres réactions concourant à une réponse immunitaire défectueuse : défaut d’expansion et de différenciation des cellules B ; échec de la synthèse des anticorps.
«Les CD, du fait de leur rôle pivot, sont à même de favoriser l’évasion des pathogènes hors des prises du système immunitaire», commentent les observateurs.
Des études de fractionnement montrent que c’est bien l’hémozoïne et non la membrane de l’érythrocyte parasité qui est l’inhibiteur des CD. D’ailleurs, des CD contenant de l’hémozoïne ont été trouvées à l’intérieur de la rate in vivo.
> Dr BÉATRICE VUAILLE
« Journal of Biology », 12 avril 2006, volume 5, article 5.
Les cellules dendritiques
Les cellules dendritiques sont des cellules immunitaires montrant de nombreux prolongements cytoplasmiques. Représentant une forme particulière de macrophages, elles comprennent les cellules de Langherans de la peau et des cellules homologues présentes dans les muqueuses digestives et respiratoires. Après capture d’un antigène, elles quittent la peau ou la muqueuse pour la région paracorticale des follicules lymphoïdes. Elles s’y transforment en cellules interdigitées et acquièrent à cette occasion une fonction de cellules présentatrices d’antigènes.
« Dictionnaire de biologie », Jacques Berthet. Editions De Boeck, (2006).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature