Vos malades ont lu
« La Recherche », novembre
« La Recherche » se modernise. Désormais sous-titré « L'actualité des sciences », le magazine propose une nouvelle maquette, avec une mise en page plus aérée et plus claire. Le dossier « Santé publique » s'intéresse ce mois-ci à l'asthme. Tour d'horizon complet de la recherche épidémiologique sur cette pathologie, le dossier s'attaque à une des idées reçues le plus communément admises : la pollution serait responsable de l'augmentation du nombre des asthmatiques. Maladie de civilisation ? Peut-être, mais le facteur environnemental à incriminer n'est peut-être pas celui que l'on croit.
L'asthme est en augmentation, même si certains pays, comme la Suisse et l'Italie, notent déjà une inversion de cette tendance. Cependant, sa prévalence est extrêmement hétérogène d'un pays à l'autre. Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Australie, Etats-Unis et Canada sont particulièrement affectés. Et, parmi les pays européens non anglophones, la prévalence de l'asthme décroît de l'ouest vers l'est et du nord vers le sud. Comment expliquer cette différence de prévalence ? Une comparaison, après la chute du mur de Berlin, entre Leipzig et Munich, a remis au goût du jour « l'hypothèse hygiéniste » de l'épidémiologiste anglais David Strachan. Dès 1989, il énonçait : « Au cours de la décennie passée, la diminution de la taille des familles, l'amélioration des logements et le soin apporté à la propreté corporelle ont réduit les chances d'infections. Il est possible que tout cela ait favorisé et favorise encore l'expression des maladies atopiques. »
En effet, si Leipzig l'industrielle l'emporte en ce qui concerne les bronchites, l'asthme et les allergies prédominent dans la cité munichoise célébrée pour son art de vivre. Exit l'hypothèse de la pollution industrielle. Quid de la pollution automobile ? Du tabac ? Il semble qu'ils sont des facteurs aggravants, mais qu'ils ne créent pas la maladie.
D'autres études viennent corroborer l'analyse de Strachan. Elles montrent qu'une exposition précoce et massive aux animaux préserve de la survenue d'un asthme. Chats, chiens, mais aussi poules et vaches à la ferme. L'explication tiendrait à la présence de récepteurs aux endotoxines bactériennes à la surface des cellules immunitaires dentritiques. L'activation de ces récepteurs libérerait des médiateurs qui atténueraient l'activation des lymphocytes Th2 impliqués dans la sensibilisation aux allergènes.
La disparition des endotoxines bactériennes de notre environnement et de notre nourriture aseptisée aurait-elle favorisé l'asthme et les allergies ? L'hypothèse séduit, d'autant plus que le rôle du système immunitaire de l'intestin en tant que défenseur de l'organisme tout entier est de plus en plus reconnu. « On pense aujourd'hui que la flore intestinale joue probablement un rôle protecteur très important vis-à-vis de l'atopie et de l'asthme », confirme Denis Charpin (pneumologue, Marseille). Et d'ajouter : « Cela expliquerait pourquoi le fait de prendre des antibiotiques dans les premiers mois de la vie constitue un facteur de risque pour les maladies allergiques. » La récente campagne pour une meilleure utilisation des antibiotiques trouve là une nouvelle justification.
Cannabis ou alcool, pourquoi choisir ?
« Le Nouvel Observateur », 17-23 octobre
Le cannabis serait-il plus dangereux que l'alcool ? Dans « le Nouvel Observateur » de cette semaine, Philippe Batel, médecin addictologue à l'hôpital Beaujon (Paris), donne son sentiment sur la loi sur la drogue au volant voté en première lecture, le 8 octobre, par l'Assemblée nationale. Celle-ci prévoit des peines d'emprisonnement pour les conducteurs ayant consommé du cannabis ou des stupéfiants.
Cette loi survient après la réduction de 12 % du budget de la MILT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) et l'éviction de Nicole Maestraci, sa présidente. L'approche qu'elle a développée consistait « à traiter l'ensemble des substances psychoactives, légales ou interdites, dans une problématique commune. Et à s'adresser directement aux usagers, en leur expliquant clairement les risques de tel ou tel produit », indique Philippe Batel. « Alors que cette action a recueilli l'adhésion de la plupart des spécialistes (soignants, chercheurs et acteurs de la prévention), le gouvernement semble prendre la direction opposée en mettant l'action sur la répression. »« C'est un retour en arrière », fondé sur le clivage entre drogues licites et drogues illicites, insiste-t-il.
Le cannabis serait dangereux parce qu'il est interdit. Mais que dire de l'alcool, « le grand oublié de la politique du nouveau gouvernement ? ». Philippe Batel assène les chiffres : « La surconsommation d'alcool est impliquée dans 20 % des délits, 50 % des crimes et près de 3 000 morts par an sur la route. » Et il y a, en France, « 4 à 5 millions de sujets dépendants de l'alcool. Vingt fois plus que de sujets dépendants de l'héroïne ». Les conséquences de l'abus d'alcool « affectent 10 millions de personnes par an, participent à 10 % de la mortalité globale et coûtent 13,6 milliards d'euros à l'Etat ». Il ne s'agit pas, pour lui, de nier les risques du cannabis, mais de s'inquiéter de l'absence d'une vraie politique de prévention. « Agir sur les usages » et « faire changer les comportements » parce que, selon lui, « l'idée d'une sans drogue est une illusion dangereuse ».
Maigrir fait-il grossir ?
« Thematik », octobre
« Thematik » est un nouveau magazine qui entend proposer, tous les trois mois, un thème différent à ses lecteurs. Pour son premier numéro, où la forme est à l'honneur, il jette un pavé dans la mare aux régimes. Maigrir, oui, mais attention de ne pas tomber dans le cercle vicieux de « l'effet Yo-Yo ».
« Les animaux ne comptent pas les calories », fait remarquer judicieusement Adeline Trégouët, son éditorialiste. L'obésité n'existerait pas dans la nature. Quant à l'homme de Cro-Magnon, il était capable d'ingurgiter l'équivalent de 3 000 à 11 000 calories, soit jusqu'à cinq fois plus que nous. Or, si l'on s'en tient aux peintures de Lascaux, les hommes des cavernes étaient agiles et sveltes. Compter les calories pour garder sa ligne est une pratique récente... et vaine. C'est le grand paradoxe de nos sociétés occidentales. Alors qu'elles célèbrent le culte de la minceur, l'obésité grimpe en flèche.
Selon l'enquête « Manger en France aujourd'hui », publiée en 2001, 30 % des personnes qui ont un poids normal et 13 % des maigres aimeraient maigrir. Or nous possédons tous un « pondérostat », c'est-à-dire un système qui ajuste automatiquement les quantités de nourriture absorbées à nos besoins. Vouloir maigrir à tout prix conduit à des troubles du comportement alimentaire et au risque d'obésité. Selon le Dr Jean-Philippe Zermati, vice-président du groupe de réflexion sur l'obésité et le surpoids, « toutes les études sur le sujet ont prouvé que non seulement cela ne marche pas, mais, pire, cela fait grossir ». En effet, alors que pour entretenir notre masse maigre (les muscles, soit entre 18 et 30 % du corps humain) nous brûlons 30 kilocalories par jour, notre masse grasse (le tissu adipeux) n'a besoin d'aucune énergie.
En cas de régime, la réaction du corps est d'une imparable logique. « C'est un réflexe de survie », explique Bertrand Guérineau, nutritionniste. « Le cerveau étant prioritaire, l'organisme va cesser d'alimenter les muscles qui lui coûtent trop cher, et garder ses réserves de graisse, au cas où la famine s'installerait. » Le pourcentage de masse grasse risque d'être plus important à la fin du régime. Le cercle vicieux s'installe : les kilos perdus sont repris en quelques mois, même en reprenant une alimentation normale, les régimes se succèdent. Au fil des diètes, l'obésité s'installe.
La solution ? Manger quand on a faim, à sa faim.
Notre peau parle à notre cerveau
« Notre Temps », novembre
Avec l'âge, les contacts physiques de notre enfance se raréfient, pour rester confinés à la vie amoureuse et conjugale. L'isolement tactile pourrait être responsable d'une kyrielle de déséquilibres physiques et tactiles.
« Notre Temps » consacre donc son dossier-forme aux « massages qui soignent vraiment ». Les contacts de peau à peau font du bien au corps et à l'esprit. Rien de magique là-dedans. En effet, les deux mètres carrés qui nous séparent du monde extérieur contiennent cinq millions de récepteurs sensoriels qui communiquent directement avec le cerveau. Lorsque les mains du masseur pétrissent notre épiderme, ces récepteurs s'empressent de relayer l'information jusqu'à la moelle épinière, puis à l'hypothalamus. Ce dernier est responsable de la sécrétion des hormones responsable de la sensation de plaisir. L'effet antistress des massages serait ainsi dû à l'ocytocyne et aux autres sécrétions apaisantes et stimulantes. La stimulation par le toucher permet au corps et à l'esprit de se débarrasser de ce qui les encombre. Détendre le corps, c'est apaiser l'esprit.
« En maison de retraite, les personnes âgées vivent dans un état d'isolement tactile parfois total. Elles ne sont touchées que pour les examens médicaux et la toilette. Leur famille ne pense pas à les câliner, à les embrasser. Ces tabous affectifs sont culturels », explique Nathalie N'Guyen, réflexologue. Elle intervient aussi à l'hôpital, en lien avec les kinés et les médecins. « Les patients sont heureux, se détendent, leur rythme cardiaque diminue. Ils sécrètent des hormones antidouleur, ce qui permet aux médecins de réduire les doses de calmants. » Cela entraîne des changements de comportement. « Les malades sourient, s'intéressent à nouveau à la vie. Parfois, le retour à la parole chez des personnes muettes depuis des mois s'exprime par un "merci" éloquent. »
Si le massage permet d'humaniser les soins, nul besoin d'être alité ou hospitalisé pour profiter de ses bienfaits. La revue fait le tour des techniques aujourd'hui proposées, du massage ayurvédique au massage suédois, en passant par le drainage lymphatique.
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