Chez les femmes diabétiques, la grossesse représente un risque potentiel tant pour elles-mêmes que pour les enfants. Même si depuis plusieurs années on assiste à une régression de la morbi-mortalité foetale, la grossesse demeure à haut risque. Une normalisation glycémique de la période préconceptionnelle jusqu'à l'accouchement et un suivi médical et obstétrical très rigoureux sont necessaires.
SELON LE Pr David Sachs, «les praticiens ont besoin de “guidelines” et de cibles bien définies pour prendre en charge avec succès une femme enceinte diabétique. Si l'on se réfère à la littérature, toutes les publications se fondent sur un même principe: l'objectif de la prise en charge thérapeutique d'une femme enceinte diabétique est de maintenir les taux de glycémie et d'HbA1c aussi proches que possible de la normale, mais le problème est de définir cette norme». Différentes études évaluant les taux de glycémie chez les femmes enceintes non diabétiques suggèrent que « la normale » est plus élevée chez les femmes obèses que chez les non-obèses, et que les taux de glycémie augmentent de la 28e à la 36 semaine de grossesse.
«Des études randomisées sont nécessaires chez les femmes diabétiques de type1 enceintes pour définir le niveau de glycémie qui permettrait de prévenir les complications perinatales sans entraîner des épisodes d'hypoglycémie chez la mère», souligne le Pr David Sachs.
Les antidiabétiques oraux au cours de la grossesse.
L'étude présentée par Denice S. Feig (Toronto) (1) avait pour objectif de fournir une information sur l'utilisation des antidiabétiques oraux pendant la grossesse chez les diabétiques de type 2 après analyse des principales études ayant évalué le glyburide (glybenclamide), le glipizide, la metformine, la rosiglitazone.
Les études menées chez l'animal n'ont pas suggéré de tératogénicité pour le glyburide, le glipizide, la metformine ou la rosiglitazone.
Dans le diabète gestationnel, le glyburide s'est révélé efficace et dépourvu d'effets délétères ; toutefois, le contrôle glycémique optimal n'a été obtenu que chez 16 à 19 % des femmes.
Le développement des enfants nés de mère atteinte d'un syndrome des ovaires polykystiques et traitée par metformine avant et pendant la grossesse est normal prouvant l'absence de toxicité de la metformine.
En revanche, les données chez l'homme sont encore insuffisantes pour évaluer les risques du glipizide et des thiazolidinediones au cours de la grossesse. Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux définir les bénéfices et les risques des antidiabétiques oraux pendant la grossesse.
La metformine est-elle aussi efficace que l'insuline dans le traitement du diabète gestationnel ?
C'est ce que suggère l'étude menée par le Dr Rowan et son équipe et publiée dans le « N Engl J Med » en mai dernier (2).
Au total, 751 femmes enceintes (de 20 à 33 semaines d'aménorrhée) ayant un diabète gestationnel ont été randomisées pour recevoir soit de la metformine, soit de l'insuline.
Le principal critère de jugement concernait les complications néonatales (hypoglycémie néonatale, détresse respiratoire, recours à la photohérapie, score d'Apgar < 7, prématurité).
Les critères secondaires incluaient les mesures anthropométriques néonatales, le contrôle glycémique de la mère, la survenue de complications (hypertension artérielle) et l'acceptabilité du traitement.
Parmi les 363 femmes traitées par metformine, 92,6 % ont poursuivi leur traitement jusqu'à l'accouchement et 46,3 % ont dû recevoir de l'insuline associée à la metformine.
L'analyse des données montre que le taux de complications néonatales est similaire dans le groupe metformine (32 %) et dans le groupe insuline (32,2 %) (risque relatif, 1 ; intervalle de confiance 95 % = 0,90- 1,10).
En ce qui concerne les critères secondaires, aucune différence significative n'a été mise en évidence entre les deux groupes de traitement.
Le traitement par metformine ne s'est accompagné d'aucun effet secondaires grave.
Chez les femmes ayant un diabète gestationnel, un traitement par metformine (seule ou associé à de l'insuline), comparée à l'insulinothérapie, n'augmente pas le risque de complications néonatales et les femmes le préfèrent au traitement par insuline.
Antidiabetics medications during and after pregnancy. (1) Denice S Feig et coll. Ann Pharmacother 2007;41:1174-80 (2) Rowan JA et coll. N Engl J Med 2008; 358(19):2003-15
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