DES SOURIS à qui on donne de l'imatinib (l'anticancéreux Glivec) sont capables de survivre à des doses létales de poxvirus, un lentivirus apparenté à celui de la variole.
Les auteurs, Daniel Kalman et coll. (Emory University School, Atlanta), qui publient leur travail dans « Nature Medicine », estiment que les produits de la famille de l'imatinib pourraient être utiles dans la prévention des effets secondaires du vaccin contre la variole. Et que, de ce fait, cet anticancéreux est susceptible avoir un rôle en cas de risque d'épidémie de variole nécessitant une vaccination massive à la suite d'une menace bioterroriste.
On se souvient que la variole a été déclarée éradiquée par l'OMS en 1980, alors que la vaccination systématique avait déjà été arrêtée dans de nombreux pays. Mais les recherches scientifiques sur le virus se sont poursuivies en raison des menaces bioterroristes.
Le vaccin antivariolique qui est réalisé à partir de virus vivants atténués de la vaccine est contre-indiqué chez les personnes dont l'immunité est altérée, sauf dans les situations d'urgence où un contact avec le virus peut se produire.
L'étude de Kalman et coll. éclaire le mécanisme moléculaire par lequel les poxvirus quittent la cellule permettant la diffusion de l'infection. Elle donne aussi une indication pour lutter contre les infections virales en visant une molécule spécifique de la cellule-hôte
Comme tous les virus, les poxvirus cooptent des molécules et des mécanismes de la cellule hôte pour la pénétrer, s'y répliquer, en sortir, puis diffuser à d'autres cellules en recommençant. Kalman et coll. montrent que les virus de la vaccine utilisent des protéines qui appartiennent au groupe des tyrosine kinases, la famille des protéines Abl. On sait qu'une mutation portant sur l'un des membres de la famille Abl est à l'origine de la leucémie myéloïde chronique. Et que l'anticancéreux Glivec est un traitement utilisé dans cette pathologie, en raison de sa capacité à inhiber des tyrosine-kinases Abl.
Pour savoir si Glivec peut empêcher le virus de la vaccine de diffuser dans l'organisme, Kalman et coll. ont traité des souris avec l'anticancéreux à des doses équivalentes à celles données dans le traitement de la LMC chez les humains. Un groupe de souris traitées par de l'eau salée a servi de groupe de comparaison.
Toutes les souris traitées ont survécu.
Les scientifiques ont exposé les animaux à des doses létales de poxvirus. Ils ont observé que toutes les souris traitées par Glivec ont survécu, tandis que 70 % de celles qui avaient reçu l'eau salée sont mortes.
Ces résultats doivent être complétés par des études de confirmation sur d'autres modèles animaux. Ce qui indiquera si ce médicament est de nature à prévenir les complications de la vaccination anti-variolique (vaccine généralisée).
« Nature Medicine », édition avancée en ligne.
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