MÊME S’IL EST VRAI que tous les syndicats qui vont présenter des candidats aux élections des unions régionales de médecins libéraux (Urml) du 29 mai ont fait de réels efforts, on sera encore loin, très loin, de la parité hommes-femmes. Et, pour les leaders syndicaux, c’était réellement «mission impossible», comme le souligne sans ambages le Dr Roger Rua, secrétaire général du Syndicat national des médecins libéraux (SML).
Il demeure cependant que les prochaines assemblées régionales pourraient être égayées par un nombre d’élues plus important qu’aujourd’hui, du moins si l’on se réfère aux listes présentées par les syndicats : ainsi à MG-France et à la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français), 30 % des candidats sont des candidates ; un pourcentage à peine moindre au SML où l’on affirme que le nombre de femmes représente 26 à 27 % des candidats. Espace Généraliste, qui se présentera dans dix régions, compte 22 % de femmes sur ses listes et la FMF (Fédération des médecins de France) ferme la marche avec un peu moins de 20 % de candidates, selon son secrétaire général, le Dr Armand Semerciyan, généraliste à Clamart, dans les Hauts-de-Seine.
Fait marquant également, toutes ces organisations présentent des candidates en position éligible et surtout des candidates en tant que tête de liste. Ce n’est certes pas une première, mais il semble que cette fois-ci le mouvement s’est amplifié et a gagné toutes les organisations syndicales, ce qui n’était le cas lors des scrutins précédents.
Si cette relative féminisation des listes syndicales est à saluer, il semble a contrario que le rajeunissement des candidat(e)s, et donc des futur(e)s élu(e)s des Urml, ait été plus difficile à opérer. Ce critère est même, dans certaines organisations, peu pris en compte, semble-t-il. «Tout est relatif, explique le Dr Semerciyan, tout le monde sait qu’il y a des jeunes-vieux, et des vieux-jeunes: l’important est l’investissement personnel que leurs futurs élus comptent consacrer au travail des unions et à leur capacité de mener plusieurs tâches de front.» Sur le site Internet de la FMF, on apprend toutefois que la moyenne d’âge des candidats de ce syndicat est de 47,5 ans pour les généralistes et de 51,5 ans pour les spécialistes. Ce qui est raisonnable.
Mais c’est parfois le manque de candidats qui a contraint les syndicats à se passer de ces jeunes médecins. «Nous avons fait les comptes, déclare le Dr Claude Bronner, président d’Espace Généraliste, il y a sur nos listes 6% de médecins qui sont nés après 1960, c’est-à-dire qui ont la quarantaine.» Ce qui est peu, notamment pour une organisation qui s’est donné pour objectif de s’adresser d’abord aux non-syndiqués qui se recrutent souvent chez les jeunes.
Mêmes difficultés de recrutement du côté du SML où l’on compte selon le Dr Roger Rua, 5 à 10 % de jeunes sur les listes.
De 29 ans à 70 ans.
«La jeunesse, comme la féminisation d’ailleurs, n’est pas un critère que nous avons voulu spécialement mettre en avant, dit de son côté le Dr Martial Olivier-Koehert, premier vice-président de MG-France. Nous avons surtout voulu bâtir des listes qui reflètent la réalité de la médecine générale, avec des hommes et des femmes, des jeunes et des personnes plus âgées, sans chercher à atteindre un quota.» Et pour illustrer ce propos, MG-France met en avant le fait qu’il compte dans ses rangs l’un des plus jeunes candidats aux unions, un médecin de 29 ans, et l’un des plus âgés, un praticien de 70 ans.
Raisonnement identique ou presque à la Csmf. «Etant majoritaires dans toutes les unions, nous avons beaucoup de sortants. Nous leur avons donc donné la priorité, d’autant qu’ils avaient beaucoup et bien travaillé au sein des unions au cours des six dernières années, précise le Dr Michel Chassang, président de la confédération. Nous avons également essayé de faire de la place aux femmes et aux jeunes, mais cela n’a pas été un critère déterminant.» L’essentiel étant pour le président de la Csmf, que les candidats s’engagent à travailler aux unions et «à défendre les intérêts des médecins».Il y a eu quand même un « turn over », puisque l’on compte «30 à 40% de nouveaux candidats sur les listes», tous adhérents à la Csmf.
Car, si le critère d’adhésion est primordial pour la Csmf et pour la FMF, il ne l’est pas toujours dans d’autres organisations. Par exemple, à MG-France et à Espace Généraliste, des médecins qui se sont très impliqués dans la PDS ou la FMC, notamment au niveau régional, sans être adhérents à ces organisations, figurent quand même sur leurs listes. C’est le cas aussi de médecins membres du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (Snjmg) dont on retrouve le nom sur certaines listes de MG-France et d’Espace Généraliste.
Au SML, les candidats ont dû s’engager de « façon nette » à respecter la ligne du SML tout au cours de leur mandat. «Nous avons été parfois échaudés, explique le Dr Roger Rua. Certaines coutumes ou alliances au niveau local allaient à l’encontre de la politique nationale du SML. Cela faisait désordre. Nous avons voulu y mettre fin.»
Ce syndicat a également décidé de mettre en place une « cellule nationale » qui, tout long de la prochaine mandature, aidera les élus locaux dans leurs tâches et leur rapportera les exemples de missions assurées dans les autres régions que les leurs. «Nous voulons enfin faire en sorte que les unions servent à quelque chose», explique le Dr Rua. Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée.
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