Tout démarre en juillet 2014 avec la publication d’un rapport de l’Inspection générale des finances évoquant des « situations de rentes injustifiées ». Le bouillant Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Économie, se fait fort de « restituer six milliards d’euros de pouvoir d’achat aux Français » en mettant fin à « certains monopoles ».
Il propose d’autoriser la vente en grandes surfaces des médicaments à prescription médicale facultative. Outre les pharmaciens, les biologistes (ouverture du capital) et les ophtalmologistes (avec le projet d’autoriser les opticiens à prescrire) sont alors dans le viseur du gouvernement.
Malgré la torpeur estivale, le monde la santé organise sa riposte. « On ne peut pas se plaindre que les Français sont les champions d’Europe de consommation de médicaments et, dans le même temps, vouloir développer les points de vente », attaque le Dr Michel Chassang, président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL).
Pharmaciens, biologistes, mais aussi radiologues, dentistes et ophtalmologistes participent le 30 septembre à la journée sans professionnels libéraux organisée par l’UNAPL. Leur message est simple : la dérégulation des métiers envisagée par le projet, et notamment l’ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral (SEL) à des investisseurs extérieurs, aboutira à une perte d’indépendance des professionnels sans améliorer le pouvoir d’achat des patients. La mobilisation est un succès.
Reculade
Le gouvernement rouvre le dialogue. Il confie à Richard Ferrand, député socialiste du Finistère, une mission sur l’impact territorial de la réforme, censée dessiner un compromis. Le parlementaire propose en particulier de conduire une réflexion sur la reconnaissance du métier d’optométriste. « L’ouverture de la prescription de verres correcteurs aux optométristes permettrait de pallier le manque d’ophtalmologistes sur le territoire national », écrit-il. Mi- octobre, Emmanuel Macron, qui a remplacé Arnaud Montebourg au ministère de l’Économie, présente les grandes lignes de son projet de loi pour l’activité et l’égalité des chances économiques. La vente de médicaments hors pharmacies est abandonnée, le capital des officines en SEL ne s’ouvre qu’à d’autres pharmaciens (et non à des groupes financiers), et les biologistes ne sont plus visés par la réforme. Les dispositions relatives aux professionnels de santé seront intégrées au futur projet de loi de santé de Marisol Touraine. La réforme Macron prévoit désormais une simplification des conditions d’installation des pharmaciens et de rendre plus transparent le coût des prothèses dentaires. La montagne a accouché d’une souris ; la mobilisation des professionnels de santé n’est pas pour rien dans cette reculade.
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