La crise économique a dans l’ensemble épargné les libéraux de santé. Tel est l’un des enseignements que l’on peut retirer du baromètre national des professions libérales*. Sur les 3 800 professionnels libéraux qui ont répondu, 1 504 blouses blanches ont participé. D’où il ressort que, comme on pouvait s’y attendre, les soignants de ville ont moins ressenti les effets de la conjoncture économique dépressive de ces derniers mois que d’autres professions. Globalement, une majorité (54 %) n’a en effet pas constaté de variation de son chiffre d’affaire au cours des six derniers mois qui ont précédé cette enquête, soit de juillet à décembre 2009. Seul un petit tiers fait état d’une variation de ses recettes, le plus souvent à la baisse, sur un passé récent. Globalement, plus des deux tiers (69 %) des libéraux de santé ne s’estiment pas « confrontés à des difficultés financières », contre un petit tiers (31 %) qui pensent le contraire. Et les trois quarts (76 %) soulignent que la qualité de relation à la patientèle est restée inchangée, contre à peine un sur cinq (17 %) qui penchent pour une dégradation. On conclura ce chapitre en relevant l’optimisme tempéré des professions de santé de ville concernant leur niveau d’activité sur les 12 mois à venir : une majorité relative (45 %) se dit plutôt optimiste, contre 26,5 % qui s’affichent « plutôt pessimistes » et 28 % qui ne hasardent aucun pronostic.
Ce ne sont pas tant les perspectives économiques qui inquiètent les professions de santé libérales qu’un sentiment de manque de considération de la part des pouvoirs publics. Une large majorité estime en effet que le gouvernement ne considère pas leur activité comme économiquement productive (76 %) ou que l’activité des très petites entreprises (TPE) n’est pas valorisée par la politique gouvernementale (86 %) ou encore que celle-ci ne prend pas « suffisamment en compte votre secteur professionnel » (94 %). Ajoutons que de l’avis des blouses blanches qui exercent en ville, le constat est au déficit de dialogue entre les différents ministères et les libéraux (73 %) et au fait que les réformes ne prennent pas suffisamment en compte les TPE (85 %).
Le dernier axe développé par ce baromètre de l’ONE-PL (Observatoire national des entreprises professions libérales) éclaire sur l’actualité des élections régionales des 14 et 21 mars. Alors que l’on évoque un risque d’abstention fort et un désintérêt de l’opinion, il apparaît que les professions de proximité que sont les médecins, pharmaciens, dentistes, infirmiers et autres paramédicaux suivent d’assez près ce qui se passe au plan régional : près de 70 % disent se tenir informés de l’actualité de leur région et l’immense majorité estime bien ou très bien connaître les projets de son conseil régional. Cela ne les empêche pas d’être à peu près aussi sévères que vis-à-vis du gouvernement. Les élus régionaux connaissent-ils bien le secteur libéral ? Non, répondent 68 % des sondés. La Région pratique-t-elle suffisamment la concertation vis-à-vis des libéraux ? Pas davantage, selon 66 % des répondants.
Dans ce contexte, l’affaire de la réforme de la taxe professionnelle tracasse toujours les libéraux de santé. Un bon nombre (40 %) estime qu’après la décision du conseil constitutionnel, le gouvernement risque de proposer un nouveau texte réformant la taxe professionnelle pour les professionnels libéraux. Et surtout 80 % redoutent que leur région n’augmente leur imposition pour compenser la réforme de la taxe professionnelle.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature