Mais non, la jeune génération ne boude pas la médecine générale! L’ISNAR-IMG, qui représente les quelques 8000 internes en médecine générale a profité de son congrès à Deauville pour présenter vendredi 21 janvier une enquête qui tort le cou à bien des idées reçues. Primo: on ne devient pas généraliste par fatalité. Selon l’Isnar qui a interrogé le quart des effectifs internes, pour 84% de ceux-ci la médecine générale résulte d’un choix actif, pas d’une incapacité à opter pour une autre discipline.
Secundo: l’installation en libéral ne rebute tant qu’on le dit les futurs généralistes. La preuve : si une majorité (55%) d’entre eux se projette d’abord remplaçant à la fin de son internat, ils sont quand même 37% à envisager de travailler sous un statut moins temporaire en médecine ambulatoire sitôt l’internat terminé : en moyenne, 16% (et même 17,5% chez les hommes) se verraient bien visser leur plaque; et s’y ajoutent les 8% tentés par un statut de collaborateur libéral et les 7% qui seraient prêts à se faire salarier. En comparaison, seuls 14% préfèreraient un statut de PH ou d’assistant hospitalier. De ce point de vue, l’Isnar-IMG remarque qu’en moyenne un interne sur cinq (et même un sur quatre, une fois effectué un stage chez le généraliste) s’est déjà fixé un projet professionnel précis.
Troisième surprise : les futurs généralistes ne sont pas aussi iconoclastes qu’on les présente parfois. Bien sûr, ils aimeraient que les règles du jeu libéral évoluent, mais ils ne veulent pas la révolution : si 78% souhaitent sortir du paiement à l’acte exclusif, pour plus de 50% cela signifie une rémunération mixte et pour 22% seulement le salariat pur et simple.
La campagne, pourquoi pas ?
L’enquète de l’Isnar-IMG apporte aussi des enseignements utiles concernant l’installation en zones déficitaires en médecins généralistes. 8 sur 10 souhaitent travailler dans leur région d’internat, et la campagne ne semble pas un repoussoir absolu. En effet, à en croire l’enquête de l’Isnar, seuls 12% d’irréductibles ne veulent en entendre parler à aucun prix. Les autres pourraient bien se laisser tenter, mais à condition qu’on les y aide. 7 sur 10 pourraient se décider pour le rural, moyennant une aide logistique ou financière à la création de structures collectives. 6 sur 10 seraient prêts à sauter le pas moyennant avantages fiscaux ou sociaux. Et plus de la moitié, à condition de voir pousser crèche, garderie ou école à proximité de leur lieu d’exercice. Enfin, à noter que 80% se verraient bien déchargés de la gestion administrative du groupe dans lequel ils travaillent.
On retiendra enfin de ces 1939 réponses d’internes que la plupart sont prêts à épouser les grandeurs et servitudes de la profession. Les gardes ? Pour 78% cela fait tout simplement partie du métier de généraliste. Tout au plus relèvera-t-on une volonté de travailler sensiblement moins que leurs ainés : en moyenne, 42 heures par semaine seulement. Avec aussi une exigence accrue dans l’environnement professionnel. Pour 9 sur 10 d’entre eux, il est «indispensable» d’avoir à proximité un laboratoire d’analyse, une pharmacie, des paramédicaux et un cabinet de radiologie avec échographie.
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