LE STRESS psychologique majore la sévérité des infections liées au streptocoque pyogène chez la souris. Cette sensibilité accrue est associée à une majoration de la production de glucocorticoïdes endogènes qui inhibent la synthèse de lipides épidermiques et diminuent la sécrétion des corps lamellaires.
Fonction épithéliale et épidermique.
Ces organites multifonctionnels servent de vecteurs aux lipides endogènes, aux enzymes desquamantes et aux peptides antimicrobiens au niveau des interstices du stratum cornéen. Ils jouent donc un rôle essentiel dans la fonction barrière cutanée en sécrétant, outre les lipides, au moins deux peptides antimicrobiens : la bêta-défensine (hBD2) et le fragment LL-37 carboxyterminal de la cathélicidine. Des études préliminaires avaient montré que le stress psychologique perturbe la fonction épithéliale et épidermique en agissant sur la barrière homéostatique et la perméabilité cutanée. Les phénomènes de cicatrisation sont, eux aussi, limités.
La réponse des peptides antimicrobiens.
Chez l'animal en condition de stress psychologique ou lors de l'administration systémique ou topique de glucocorticoïdes, les peptides antimicrobiens encapsulés par les corps lamellaires régulent de façon négative l'expression des peptides antimicrobiens épidermiques murins tels que la cathéline (CRAMP) et la bêta-défensine 3 (mBD3). Le blocage pharmacologique du CRF (Corticotrophine Releasing Factor) ou une interaction périphérique avec les glucocorticoïdes permet de normaliser les niveaux épidermiques de peptides antimicrobiens. Appliqués par voie topique, des lipides physiologiques permettent aussi de normaliser la réponse des peptides antimicrobiens. Ces différentes options thérapeutiques utilisées chez des souris en état de stress et mises en contact avec du streptocoque pyogène permet de rendre à l'animal une sensibilité normale aux infections. Les auteurs se sont intéressés à CRAMP et à mBD3 en raison d'une certaine homologie avec des peptides antimicrobiens cutanés humains. Ils émettent l'hypothèse que des phénomènes similaires sont mis en action chez l'homme dans des conditions de stress psychologique.
L'équipe du Dr Karin Aberg (San Francisco) a ensuite analysé l'impact du stress sur les structures pilo-sébacées. Cet état induit une régulation négative des peptides antimicrobiens dans ces structures et il pourrait être impliqué dans les phénomènes d'acnée observé chez les sujets « nerveux ». Enfin, les peptides antimicrobiens épithéliaux pourraient jouer un rôle supplémentaire dans l'intégrité structurelle et la perméabilité des barrières épithéliales extracutanées. Les auteurs imaginent, mais ces données doivent encore être prouvées, que le stress psychologique pourrait intervenir sur la barrière intestinale et contribuer à favoriser le passage dans l'organisme de bactéries présentes dans la lumière intestinale.
« The Journal of Clinical Investigation », vol. 117, 11 ; 3339-3348.
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