AU DECOURS de l'épidémie de sras, la ville de Toronto s'est distinguée des grandes autres cités touchées du fait d'une distribution particulière de l'épidémie en deux grandes périodes : du 23 février au 20 avril 2003 et du 21 avril au 1er juillet 2003. L'épidémie a donc débuté à la fin du mois de février 2003 avec le retour sur le territoire canadien d'une femme chinoise de 70 ans qui avait passé ses vacances à Hong Kong dans l'hôtel Métropole (où le premier cas de « super-contamineur », un médecin chinois, était descendu pour un mariage). Cette patiente est décédée à son domicile et elle a contaminé au moins quatre membres de sa famille. Deux d'entre eux se sont rendus à un mariage réunissant un nombre très important de personnes issues de la communauté chinoise de Toronto et c'est à cette occasion que des cas secondaires ont été infectés.
A cette époque-là, les informations sur la maladie restaient très parcellaires, ce qui a conduit à des erreurs dans la prise en charge à domicile (hospitalisation différée et prise en charge par la famille). C'est de cette façon que la maladie s'est propagée de proche en proche.
Des aérosols.
A l'hôpital, en l'absence de prise en charge codifiée, certains patients ont reçu des aérosols, ce qui a été à l'origine de contamination secondaire par inhalation des gouttelettes en contact avec des sécrétions pulmonaires. Enfin, méconnaissant l'excrétion du sras CoV dans les selles, les médecins n'ont pas procédé à des décontaminations particulières dans les suites de la phase aiguë de la maladie. Néanmoins, malgré l'absence de mesures spécifiques et en s'appuyant sur des principes primaires de précautions vis-à-vis des maladies infectieuses, l'épidémie a été quasiment jugulée à la fin du mois d'avril.
Mais une seconde vague de cas est apparue peu après. Il s'agissait de personnes hospitalisées dans un même établissement et qui avaient été en contact avec du personnel infecté. L'amélioration des connaissances sur la maladie a incité les médecins à hospitaliser précocement les patients et, de ce fait, les contaminations communautaires ont été évitées. Quant aux contaminations hospitalières, elle ont pu être limitées par l'arrêt des traitements par aérosols et par la mise en place de mesures de quarantaine chez toutes les personnes contacts et suspectes.
« New England Journal of Medicine », n° 350, 23, pp; 2332-22234 et 2353-2361, 3 juin 2004.
225 cas à Toronto
Avec ses 2 millions et demi d'habitants, Toronto est la plus grande ville du Canada. Sa population est composée d'un nombre très important de sujets issus d'ethnies différentes et la vie communautaire est particulièrement intense. La ville est divisée en 19 secteurs qui comportent chacun un hôpital de grande taille capable d'accueillir des patients en soins intensifs.
Au total, 225 cas de sras y ont été recensés, 2 132 cas potentiels ont été étudiés, 21 103 sujets contacts ont été isolés et 316 615 personnes ont appelé le Numéro Vert spécial sras.
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