DEUX PROBLEMES fondamentaux se posent en recherche oncologique : identifier la cellule normale au sein de laquelle le cancer débute et identifier le type de cellule capable d'entretenir la croissance du clone néoplasique.
On pense, en effet, que presque tous les cancers sont d'origine clonale et représentent la descendance d'une seule cellule. Et, au sein du clone tumoral, seule une sous-population de cellules serait capable de débuter le cancer et posséderait ainsi des propriétés de « cellules souches cancéreuses » pouvant entretenir le cancer. Cependant, on sait peu de choses sur la cellule normale initialement ciblée par la transformation et les cellules souches cancéreuses résultantes.
Une équipe canadienne, dirigée par le Dr John Dick, de l'université de Toronto, apporte des éclaircissements à ces questions en ce qui concerne la LAM.
Expériences de transplantation en série.
« Nous avons découvert que les cellules leucémiques ne possèdent pas toutes la capacité d'entretenir la croissance leucémique. Seul un rare groupe de cellules, que nous appelons cellules souches leucémiques (CSL), possèdent cette capacité. Dans cette étude, nous sommes allés encore plus loin en découvrant qu'il existe différents types de CSL », explique au « Quotidien » le Dr Dick.
Dans une expérience de « transplantations en série » de cellules humaines LAM chez des souris immunodéficientes, les chercheurs ont suivi la trace des CSL individuelles. Les CSL, ont-ils constaté, ne sont pas homogènes fonctionnellement. A l'instar du compartiment des cellules souches hématopoïétiques normales, les CSL sont arrangées de façon hiérarchique en trois classes, en raison d'une capacité d'autorenouvellement hétérogène.
« Certaines CSL ont rapidement produit, après transplantation, des cellules leucémiques, mais celles-ci disparaissent ensuite car elles perdent de temps à autre, au fil des divisions, leur capacité à s'autorépliquer (CSL de court terme). D'autres CSL présentaient un taux élevé de réplication et pouvaient produire des cellules leucémiques aussi longtemps que nous examinions les souris transplantées (CSL long terme). Enfin, nous avons trouvé une classe de cellules assez dormantes qui ne devenaient actives que plusieurs mois après la transplantation (CSL long terme quiescentes ). »
L'hétérogénéité de la capacité d'autorenouvellement des CSL est un solide argument en faveur d'une transformation maligne dans le compartiment des cellules souches hématopoïétiques (CSH).
Les traitements visent les cellules qui se divisent et prolifèrent.
« Ces résultats sont importants car maintenant que nous savons que ces différentes CSL existent, nous pouvons commencer à les cibler directement. Ces CSL ont des propriétés différentes de la majeure partie des cellules leucémiques (seulement une sur un million est une CSL), elles tendent à se diviser lentement et c'est une classe rare est très dormante. Ainsi, ces CSL ne seraient pas détruites par la vaste majorité des traitements antileucémiques actuels qui ciblent les cellules se divisant et proliférant. Environ 80 à 90 % des patients atteints de LAM récidiveront de leur cancer. Nos données suggèrent que les CSL ont survécu au traitement anticancéreux et ont finalement redonné la leucémie. »
« Nature Immunology », 30 mai 2004, DOI:10.1038/ni1080.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature