Les règles d'initiation d'un traitement par interféron bêta (Ifb) sont bien connues et habituellement suivies. Conforté par les études confirmant l'efficacité à long terme de l'Ifb, le neurologue renouvelle la prescription en l'absence d'évolutivité et si la tolérance est bonne. Cependant, face à une sep « capricieuse », il est difficile d'évaluer cliniquement ou radiologiquement l'efficacité du traitement.
QU'APPELLE-T-ON échappement thérapeutique ? Après combien de temps peut-on en juger ? A quel rythme surveille-t-on le patient ? Toutes ces questions sur le traitement par interféron bêta restent pour l'instant sans réponse. Dans ces conditions, il serait peu scrupuleux de poursuivre un traitement coûteux dont l'efficacité ne serait pas certaine, quand bien même celui-ci serait bien toléré. Il faut donc précocement individualiser les non-répondeurs au traitement.
Selon le Pr Antonio Bertolotto (Turin, Italie), la mesure de l'activité biologique de l'Ifb est le meilleur moyen d'identifier précocement les non-répondeurs. En effet, après fixation sur un récepteur, l'Ifb induit précocement, en quelques minutes, l'expression de plusieurs gènes (MxA, PKR, P56, IRG-1 e 2, etc.) à l'origine des modifications biochimiques observées pendant plusieurs semaines et responsables de l'activité (diminution des cytokines et métalloprotéases…). La quantité d'Ifb qui se présente devant chaque récepteur est influencée par de multiples facteurs (observance, absorption, dose-fréquence, renouvellement des protéines réceptrices, protéines de liaison…), mais aussi par la présence d'anticorps (AC) neutralisants ou liants.
L'activité MxA, un bon marqueur.
De tous les gènes activés par l'Ifb, c'est le gène MxA qui a été choisi. Son ARN messager est spécifiquement, directement et fortement exprimé quelques minutes après l'injection d'Ifb. Sa quantification est facile par PCR en temps réel. Cette technique, un peu coûteuse, l'est cependant infiniment moins que le traitement proposé. Son taux, comparable après les trois modes d'injection d'interféron, est fortement modifié par la présence d'AC neutralisants. Si ces derniers persistent, le taux d'expression de MxA est identique à celui des patients non traités. A partir d'une étude incluant 155 patients, l'activité MxA et la présence d'AC neutralisants ont été mesurées à un an et sont bien corrélées avec le délai de survenue d'une poussée. La diminution de l'activité MxA peut être la conséquence de plusieurs situations biologiques, dont la plus fréquente est la présence d'AC neutralisants et/ou liants.
En conclusion, le Pr Bertolotto nous a rappelé les recommandations sur l'utilisation des dosages des AC neutralisants anti-Ifb dans la sclérose en plaques proposées par le groupe de travail de l'Efns(Sorensen PS et al., Eur J Neurol 12:817-27, 2005). Le dosage des AC neutralisants doit être effectué systématiquement à 12 mois et 24 mois après l'initiation d'un traitement par Ifb. Si le dosage reste négatif pendant cette période, la poursuite de la surveillance biologique peut être interrompue, sauf en cas d'évolution clinique (nouvelles poussées, progression du handicap). Un taux d'AC neutralisant élevé (> 100 UI), confirmé après trois mois, doit conduire à l'interruption du traitement.
D'après la communication du Pr Antonio Bertolotto, Turin, Italie.
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