« L'importance de ce travail est qu'il établit un lien entre cet important facteur de virulence, CagA, et les effets sur un microdomaine précis de la cellule, les jonctions apicales. Ces jonctions sont connues pour contrôler un nombre important de fonctions dans l'épithélium, comme la fonction de barrière, la polarité cellulaire, la division cellulaire et la mobilité cellulaire », explique au « Quotidien » le Dr Manuel Amieva, de l'université médicale de Stanford, qui a dirigé ces travaux.
On sait que l'infection de l'estomac par Helicobacter pylori accroît le risque d'ulcère et de cancer gastrique, uniquement lorsque la bactérie est armée de la protéine CagA. Après son contact avec la cellule épithéliale gastrique, H. pylori, y injecte la protéine CagA par un système de sécrétion de type IV.
Amieva et coll. montrent que, après son injection dans la cellule épithéliale, la protéine CagA s'associe à deux protéines du complexe jonctionnel apical, la protéine ZOI du cytosquelette jonctionnel et la protéine transmembranaire JAM d'adhésion jonctionnelle. CagA mobilise alors les deux protéines ZOI et JAM vers le site de fixation bactérienne sur la cellule hôte. Ce recrutement des protéines ZOI et JAM semble aider à diriger et à retenir H. pylori aux jonctions intercellulaires épithéliales.
La modification des jonctions normales
En modifiant l'organisation moléculaire des jonctions, CagA affecte plusieurs fonctions des jonctions normales. Les chercheurs montrent que l'injection intraépithéliale de CagA perturbe, à long terme, la fonction barrière de l'épithélium (fuites à travers la couche épithéliale) et altère la polarité des cellules qui changent de forme et deviennent dysplasiques.
« Notre prochain objectif est de déterminer quelles autres protéines de la jonction sont directement affectées par CagA, et de découvrir comment CagA médie les changements de fonction de la jonction », confie le Dr Amieva.
« Cela pourrait nous amener non seulement à mieux comprendre comment la protéine CagA accroît le risque d'ulcères (perturbation de cicatrisation des plaies) et de cancer (perturbation de la prolifération et de la différenciation cellulaire), mais aussi à comprendre plus profondément la fonction des jonctions apicales. »
« Science » du 30 mai 2003, p. 1430.
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