Formation médicale continue
C'est le plus souvent après une première chute que le médecin aura à établir un bilan du risque chez un sujet âgé. « Un tiers des personnes âgées de plus de 65 ans tombent au moins une fois par an », explique le Dr Sylvie Moulias.
Parmi les nombreuses causes de chute, trois sont habituelles : les troubles de la vision, l'accident « mécanique » simple (le tapis !) et l'hypotension orthostatique, très fréquente, à rechercher de façon systématique. Il ne faudra pas oublier que la chute peut être une façon d'entrer dans la démence : les fonctions cognitives devront être explorées.
Parmi les examens simples qui permettent d'évaluer le risque de chute, il faut en retenir au moins deux. Le premier, « le plus rentable et le plus spécifiquement gériatrique », consiste à observer la façon dont le patient exécute les instructions suivantes ( « get up and go » test) : se lever d'un fauteuil muni d'accoudoirs (les utilise-t-il ?), s'en éloigner, y revenir, en faire le tour puis se rasseoir. L'idéal est de le faire marcher pieds nus, puis avec ses chaussures habituelles (ou ses chaussons). Le second est l'examen de la station unipodale, en laissant le patient choisir son pied : il doit pouvoir tenir plus de cinq secondes. Sinon, il ne faudra pas oublier de chercher un trouble proprioceptif au niveau de la cheville. Un examen neurologique plus approfondi complétera l'investigation.
Le dépistage des troubles cognitifs et la reconnaissance d'un syndrome dépressif
Le médecin généraliste a un rôle fondamental dans le dépistage des troubles cognitifs, parce que la prise en charge des démences est d'autant plus efficace qu'elle est précoce. La recherche d'un trouble dégénératif ne doit cependant pas faire oublier la possibilité d'une dépression ou, plus simplement, de troubles de la mémoire banals parce que liés à l'âge. Le Dr Jérôme Erkes recommande de faire cette recherche en suivant trois étapes : évaluation cognitive globale, au moyen du MMSE (Mini Mental State Examination) ; évaluation cognitive spécifique, explorant la mémoire épisodique avec le test des cinq mots, les fonctions exécutives et attentionnelles avec le test de l'horloge ; évaluation fonctionnelle avec l'IADL (Instrumental Activities of Daily Living), portant sur la capacité à assurer 8 activités de la vie quotidienne.
L'entretien avec le patient doit éviter de le mettre en échec. Il est souhaitable de le mener en tête à tête, puis avec l'entourage, qui apportera des renseignements précieux. Il faut observer le comportement du patient : tourne-t-il la tête vers la personne qui l'accompagne pour être aidé ? Pour certains, le MMSE doit être systématiquement pratiqué après 75 ans, alors que d'autres le réservent aux patients ayant une plainte cognitive. Son interprétation doit être prudente, en n'accordant pas une importance excessive aux seuils théoriques. Il est utile pour suivre une démence, mais ne suffit pas à son diagnostic.
Le risque de dénutrition est réel chez les personnes âgées : sa prévalence est en moyenne de 4 % suivant différentes études américaines et européennes. Elle augmente considérablement en institution. Selon le Dr Agatha Raynaud, le MNA (Mini Nutritional Assessment) est de plus en plus utilisé parce que sa validité est de plus en plus assurée. Il doit être réalisé au domicile du patient âgé, régulièrement, afin de repérer les « cassures » de performance. Le bilan doit comporter également la pesée (une perte supérieure à 5 % du poids corporel doit alarmer), l'IMC, l'albuminémie et une enquête alimentaire. Le rôle des proches est absolument fondamental : l'isolement est un facteur de risque et d'aggravation.
Deuxième symposium Domedica : « De la prévention aux stratégies diagnostiques et thérapeutiques en gériatrie », ateliers pratiques.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature