COMBINER un score de critères cliniques et le dosage sanguin du marqueur CA-125 pourrait permettre de détecter plus de 80 % des cancers de l'ovaire à un stade précoce et 95,1 % à un stade tardif.
Déjà en 2001, des chercheurs de Lille (voir « le Quotidien » du 12 décembre 2001) soulignaient l'importance de signes cliniques tels que des douleurs abdominales, des ballonnements, des mictions impérieuses, des douleurs pelviennes et des diarrhées dans le diagnostic précoce de la maladie. Ce travail avait été confirmé en 2004 par une publication américaine qui aboutissait à une conclusion similaire, mais qui ne prenait pas en compte la diarrhée (voir « le Quotidien » du 11 juin 2004). D'autres chercheurs se sont plutôt orientés vers le dépistage par association de biomarqueurs génétiques : CA-125 spécifique de l'évolution ; le critère combiné leptine, prolactine, ostéopontine et IGF-II (voir « le Quotidien » du 10 mai 2005).
Prenant en compte ces données, l'équipe du Dr Robyn Andersen (Seattle) a eu l'idée d'associer ces deux approches en évaluant l'intérêt diagnostique d'un critère combinant un marqueur biologique, le CA-125, et des critères cliniques pour rechercher des cancers de l'ovaire. Ils ont pris en compte des signes cliniques qui évoluaient depuis moins d'un an et qui survenaient au moins douze fois par mois : météorisme abdominal ou augmentation du diamètre abdominal, douleurs abdominales ou pelviennes, sensation de satiété obtenue plus rapidement que d'habitude.
Les auteurs ont analysé ces données chez 254 femmes en bonne santé physique et 75 autres qui souffraient d'un cancer de l'ovaire. Au total, 83,5 % des femmes sans atteinte ovarienne contre 10,7 % des femmes malades ne présentaient ni symptômes cliniques ni élévation du CA-125. En revanche, aucune des femmes indemnes et 53,3 % des malades présentaient à la fois une positivité des signes cliniques et biologiques.
Les auteurs ont aussi analysé les taux de sensibilité et de spécificité de l'existence de signes cliniques et de l'élévation du CA-125 en fonction de l'âge des patientes et du développement de la maladie.
La sensibilité du critère biologique (CA-125) s'est établie à 78,7 % et sa sensibilité à 95,3 %. Cette donnée était corrélée à un âge jeune (sensibilité 84 % pour les moins de 50 ans contre 78 % chez les plus de 50 ans) et à un stade évolué de la maladie (sensibilité 64,5 % pour des stades peu évolués contre 90 % dans les stades évolués). La sensibilité du critère clinique s'est établie à 64 % et sa spécificité à 88,2 %. Cette donnée était corrélée à un âge jeune (sensibilité 84,6 % avant 50 ans contre 57,6 % après 50 ans) et à une forme avancée de la maladie (sensibilité 45,2 %, pour les stades peu évolués contre 78 % pour les stades évolués).
L'âge rentre en ligne de compte.
Enfin, lorsque le critère diagnostique prend en compte les critères biologique et cliniques, la sensibilité est évaluée à 89,3 % et la spécificité à 83,5 %. Dans ce cas également, l'âge rentre en ligne de compte (sensibilité 92,3 % pour les moins de 50 ans et de 88,1 % pour les plus âgées), ainsi que le stade avancé de la maladie (sensibilité 80,6 % aux stades peu évolués et 95,1 % aux stades avancés).
Globalement, prendre en compte le critère combiné permet d'identifier 89,3 % des femmes atteintes, 80,6 % des femmes en stade peu avancé et 95,1 % des femmes à un stade avancé. Le taux de faux positifs reste encore élévé puisque 11,8 % des femmes saines ont dû subir une échographie transvaginale qui a infirmé secondairement le diagnostic. On peut imaginer que la prochaine phase d'étude prendra en compte le critère combiné clinique et le critère combiné de biomarqueurs biologiques et que la sensibilité globale pourrait être améliorée.
« Cancer » en ligne.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature