« Je n'aime pas rester sans rien faire, dans ma famille, nous sommes d'un tempérament dynamique. Je fais du vélo, de la natation, du ski nautique, de la moto : la santé, c'est la plus belle des richesses », lance Claude Fourvel, élue à 63 ans Super Mamie France 2003.
« Vous n'êtes pas une exception. Aujourd'hui la plupart des gens entre 60 et 70 ans se sentent dans un certain bien-être intérieur », lui répond le Dr Jean-Pierre Aubert, médecin généraliste et secrétaire général du réseau santé Paris-Nord. C'est à partir de ce témoignage, mais aussi des interventions de Gérard Salem, universitaire spécialisé dans la géographie de la santé et auteur de « l'Atlas de la santé en France », et de Robert Misrahi, philosophe, professeur émérite de Paris-I en éthique, que les Laboratoires Novo Nordisk ont choisi de chercher à proposer une définition de la santé pour leur dernière rencontre « Etre là ». « Claude Fourvel, dans son témoignage, nous a donné un exemple de vie spontanée. La première condition de la jouissance de vivre est la santé, coextensive à l'existence humaine. La santé n'est pas quelque chose que l'on se borne à constater, mais la condition première du bonheur, elle est d'abord vue comme un sentiment de soi. On peut définir la santé comme un état dans lequel l'individu est un corps sujet et pas un corps d'organes. Elle est aussi le bon fonctionnement de chaque organe et le bon équilibre dans la relation entre chaque organe », analyse Robert Misrahi.
Le silence des organes
Au XIXe siècle, on définissait déjà la santé comme « le silence des organes ». « Quand on est âgé, on n'est plus dans le silence des organes, ils parlent de plus en plus. Pourtant, certaines personnes âgées arrivent à trouver malgré cela un sentiment de plénitude dans l'existence », rectifie le Dr Jean-Pierre Aubert. Peut-on être pour autant un malade en bonne santé ?
« Dans le système de santé français, je suis payé en tant que médecin pour m'occuper des gens malades, pas de ceux qui sont en bonne santé. Les gestes de prévention ne sont pas assez pris en compte comme bénéfices secondaires, plaide le Dr Aubert. Mais faire une démarche de prévention, c'est aussi former le patient à une philosophie de l'expérience humaine. » Les indicateurs de santé sont pour la plupart des indicateurs négatifs (mortalité, morbidité, prévalence de pathologies).
« Dans notre système de santé, on ne parle que de système de soins. Quand on compare la France aux autres pays européens, on constate que le taux de morbidité avant 65 ans est un des plus bas. Mais après cet âge, les problèmes médicaux sont beaucoup plus nombreux qu'ailleurs. C'est la preuve qu'il n'y a pas de culture de la santé publique et de la prévention en France », confirme le géographe Robert Salem. Et c'est pourquoi, dès lors qu'on définit la santé en négatif, c'est-à-dire uniquement comme l'absence de maladie, explique les difficultés nationales de la mise en place d'une politique de prévention.
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