Le temps de la médeine
Le vieillissement peut être considéré sous la forme d'un déséquilibre progressif entre des processus de construction et de destruction, ces derniers dominant peu à peu, sous la gouverne d'une programmation génétique. Au niveau moléculaire, l'augmentation de altérations dues à une accumulation du stress oxydatif est maintenant démontrée. Les radicaux libres d'oxygène induisent de multiples lésions des constituants cellulaires : ADN, lipides, protéines...
Les travaux sur la prévention des maladies associées au vieillissement sont très nombreux. Ils s'intéressent aux antioxydants, comme les flavonoïdes contenus dans le vin, le thé, les fruits et les légumes qui ont un fort pouvoir antioxydant. Ils prennent en compte aussi les composants généraux de la vie humaine (par exemple l'activité physique, psychique et mentale).
Etude PAQUID
Les résultats de l'étude PAQUID (Quid des Personnes Agées) menée par une équipe de Bordeaux (P. Barberger Gateau, L. Letenneur et coll., INSERM U330, Bordeaux), menée en Aquitaine chez près de 4 000 personnes pendant dix ans, confirment le lien entre stress oxydatif et risque de démence et montrent que l'apport de flavonoïdes est inversement proportionnel au risque de démence et de maladie d'Alzheimer. Une étude de la relation entre les flavonoïdes ingérés dans l'alimentation (en se fondant sur un questionnaire nutritionnel) et le risque de démence a été réalisées chez 1 300 sujets suivis pendant une période de cinq ans. Elle montre que le risque de démence incidente est significativement réduit (RR = 0,55, p < 0,05) chez les sujets consommant le plus d'aliments contenant des flavonoïdes, comparativement à ceux qui en prennent le moins.
La consommation de produits de la mer (poissons, crustacés) a un rôle positif, attribué à leur contenu en acides gras polyinsaturés.
A côté de cela, PAQUID confirme que l'activité cérébrale est protectrice contre la démence, mais moins en fonction du nombre d'années d'études (le niveau certificat d'études primaires est suffisant pour être protecteur) que par le maintien tout au long de la vie des activités de planification des tâches et de prise d'initiative. La vie en couple se montre protectrice, significativement (RR = 2,7 pour la maladie d'Alzheimer), sans doute car elle favorise une stimulation des fonctions cognitives.
On ne s'étendra pas sur l'effet protecteur d'une consommation modérée de vin rouge, bien connu contre les maladies cardio-vasculaires, si ce n'est pour signaler que cette même consommation est associée à un risque de démence réduit d'un facteur cinq. Protection confirmée pour la prise d'autres boissons apportant de petites doses d'alcool (A. Ruitenberg, « The Lancet », 26 janvier 2002), que l'on suppose stimuler la libération d'acétylcholine, alors que des doses plus élevées l'inhibent.
Il est inutile également de préciser longuement que le tabagisme est lié de manière significative et indépendante à la mortalité.
Moins connu est la « santé subjective » ou état de santé perçu par les sujets indépendamment de pathologies objectives. L'étude PAQUID indique que la mauvaise santé subjective est fortement prédictive de mortalité chez l'homme, mais non chez la femme.
De nombreux résultats attestent que l'activité physique agissant sur les capacités oxydatives, la masse musculaire et les os permet de ralentir le déclin physique. Toute activité est bonne à prendre : monter les escaliers, faire ses courses à pied, jardiner, bricoler, etc. En plus des activités de base (marche, gymnastique, natation), la relaxation Tai-chi a démontré un effet protecteur contre les chutes.
Manipuler la longévité
Les antioxydants puissants comme la vitamine E ou la vitamine C ont donné des résultats expérimentaux, avec une surexpression de deux enzymes intervenant dans le métabolisme des espèces réactives d'oxygène, la superoxyde dismutase et la catalase, pour les neutraliser. Des expériences récentes ont donné pour la première fois la preuve d'une possibilité de manipulation pharmacologique de l'espérance de vie... chez le ver Caenorhabditis elegans. On a montré que l'on pouvait obtenir une prolongation de plus de 40 % de la durée de vie du nématode en utilisant des molécules mimétiques de ces deux enzymes (Melov S. et coll. « Science » 2000 ; 289 : 1567-1569). Encore faut-il se garder d'extrapoler à l'homme ce résultat obtenu sur un organisme très simple.
Dr Bé. V.
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