DANS LA LUTTE contre le tabagisme, Roselyne Bachelot compte sur les médecins du travail et les chirurgiens-dentistes, «ceux qui voient 60000bouches par jour». Elle leur demande d'évoquer systématiquement la possibilité d'arrêter de fumer. Une décision saluée par le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l'Office français de prévention du tabagisme, qui souhaite «que 100% des professionnels de santé s'occupe du tabac, comme de la douleur» et souligne que les tabacologues sont prêts à renforcer les compétences de ces collègues.
L'heure serait mal choisie pour tenter une restriction des compétences en la matière. Malgré les efforts déployés ces dernières années, la courbe de consommation ne décroche pas de façon significative et les circuits d'approvisionnement par l'industrie du tabac affichent toujours les mêmes stocks.
Une industrie qui n'en finit pas d'innover. Le Pr Bertrand Dautzenberg déplore l'arrivée sur le marché «de ces cigarettes bonbons qui deviennent une horreur». Cet étroit marché ne dépasse pas deux millions de paquets, mais la dangerosité des produits est extrême. «C'est la cigarette d'initiation au goût sucré chocolat ou fraise dans la bouche, d'une douceur incroyable, pour essayer le tabac avant de parvenir à griller des cigarettes classiques.» La ministre de la Santé étudie la possibilité d'interdire ces cigarettes bonbons.
Les 13,5 millions de fumeurs qu'il reste en France ne suffiraient-ils pas aux fabricants de tabac ? Selon le Pr Dautzenberg, les experts s'attendent à un milliard de morts au XXIe siècle dans le monde. «Les médecins ne peuvent pas rester sans rien faire, car aujourd'hui on sait comment aider les fumeurs, et les politiques sont aussi importantes que l'action des médecins dans ce mouvement.Des décisions fortes peuvent être plus efficaces que tous les tabacologues de France réunis.»
La simple indication du numéro de téléphone de Tabac Info Service (0825.309.310) en bas des ordonnances permettrait de faciliter ce premier pas. Le spécialiste s'interroge : «Comment les gens peuvent-ils avoir plus peur d'un médicament que du tabac?» La mention en lettres capitales des méfaits du tabac sur les paquets de cigarettes resterait-elle moins visible que les contre-indications figurant dans les notices de médicaments, pliées en huit au fond d'une boîte ?
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