C OMME le remarque l'ensemble des patients réunis, l'annonce d'un cancer entraîne automatiquement une pensée morbide, réductrice mais inévitable qui se résume à « cancer = mort ». Dès lors, le patient qui vient d'entendre un tel diagnostic est totalement sidéré, incapable d'écouter la suite des explications prodiguées par le médecin.
L'annonce de quatre règles simples
« C'est pourquoi, souligne le Dr Françoise May-Levin, cancérologue et représentante des malades à la Ligue nationale contre le cancer, l'annonce du diagnostic représente un temps important que nous n'avons pas le droit de manquer en essayant de respecter quatre grandes règles, à savoir ne pas mentir au patient, veiller à la façon dont le diagnostic lui est annoncé (en évitant notamment l'annonce par téléphone ou par courrier), ne pas se réfugier derrière des termes techniques ou statistiques qui n'ont pas de sens pour le patient et enfin ne pas le saturer de détails lors de la première consultation où il est incapable de tout entendre. » L'idéal étant de pouvoir revoir le malade ou de compléter l'information par l'intermédiaire d'un autre intervenant. A cet égard, la Ligue contre le cancer a demandé la création d'une consultation dite d'ancrage, d'une durée plus longue et honorée en conséquence.
Réseau MG-hôpital
La relation entre le médecin généraliste et l'hôpital s'avère également très importante. Comme l'explique le Dr Elisabeth Maurel-Arrighi, MG à Paris, « la maladie cancéreuse entraîne la création de liens entre le médecin traitant et les hospitaliers. La chaleur de cette entraide mutuelle joue un rôle dans la prise en charge et le suivi du patient. » Et le Dr Pierre Ruffié, cancérologue à l'institut Gustave-Roussy, ajoute que « cette entraide à renforcer en permanence, représente une approche de réseau très sécurisante pour le patient ». « A cet égard, demande le Dr F. May-Levin, pourquoi ne pas envisager dans l'avenir des groupes de parole de soignants ? »
Par ailleurs, remarquent les intervenants, il est important de connaître le noyau familial afin de savoir, notamment en cas de maintien à domicile, si le malade peut se reposer sur un membre de sa famille. Et dans le cadre des relations avec la famille, « il est fondamental de ne jamais s'engager formellement dans des questions-pièges sur la durée de vie du patient », rappelle le Dr F. May-Levin, « et il faudrait dire la vérité aux enfants avec des mots adaptés à leur âge, moins chargés de sens que pour un adulte. L'adolescent pose des problèmes particuliers en raison de cette période assez difficile où il doit préparer sa séparation, ponctuée de colères fréquentes contre les parents... La maladie d'un des parents peut être un frein à ce processus de séparation et entraîner deux types d'attitude : soit déni de la maladie, soit frein à ses colères qui l'amène à exploser encore plus violemment ».
Adapter l'information
La proximité du médecin traitant est telle qu'il lui est nécessaire d'avoir des informations ponctuelles à pouvoir transmettre au patient lors du suivi. Toute la difficulté réside à obtenir ces données à un moment donné, c'est-à-dire quand le médecin voit son patient en consultation. « C'est pourquoi, souligne le Dr P. Ruffié, il est indispensable que les médecins généralistes et les hospitaliers se mettent en relation pour le bien du patient. »
Le dialogue, c'est aussi accompagner l'information de façon, à ce que le malade s'approprie sa maladie et comprenne son traitement, c'est-à-dire soit bien informé à l'aide de moyens éducatifs (illustrations, dessins, renseignements) adaptés à la culture de chacun.
« Enfin, rappelle le Dr P. Ruffié, se pose aussi le problème des médecins atteints de cancer, qui ne sont pas toujours compris par les soignants. Et il est important que ces médecins soient avant tout considérés comme des malades. »
* Colloque MG-patients organisé par « le Généraliste ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature