« L’Eclipse du 11 août », de Bruno Bayen

Comme le temps passe...

Publié le 05/12/2006

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UNE COMÉDIE dominée par l’incroyable interprétation d’Edith Scob et mise en scène avec malice par Jean-Pierre Vincent dans un décor de Jean-Paul Chambas.

Deux soeurs : Christine, de son vrai prénom Margot, comédienne (Bérangère Bonvoisin), et Béatrix, institutrice en préretraite (Edith Scob), ont traversé la France de Nice, où elles vivent et ne se fréquentent pas, à ces confins de la Meurthe-et-Moselle où elles ont passé leur enfance et leur jeunesse et où elles ont décidé d’aller voir la fameuse éclipse du 11 août 1999. Evidemment, elles ne vont rencontrer que brume et pluie, et souvenirs...

Le monde a changé. Bruno Bayen raconte cela d’une plume vive, volontairement non naturelle. Le niveau de langue des demoiselles est plus que cultivé, il est théâtral. C’est très intéressant. Rien de naturaliste, rien de banal et la mise en scène de Jean-Pierre Vincent comme le décor de Chambas sont exactement à l’unisson de cette sophistication. Cela dit, la folie ordinaire des êtres, leurs égarements, leurs bonheurs, leurs décalages..., ce monde qu’elles ne reconnaissent plus, ces deux soeurs, se présente à elles sous diférentes formes : un prêtre (Sylvain Elie), une jeune fille qui apprend qu’elle est enceinte et que son compagnon est séropositif (Aurélie Leroux). On parle beaucoup de « Pater familias », leur père, et on entend au loin la voix de la petite demi-soeur (Nora Krief, à la si belle sensibilité) qu’elles ne connaissent pas et qui chante sur l’ancienne base de l’Otan où les gens du voyage se réunissent autour du 15 août...

La pièce est dominée par le personnage de Béatrix, et Edith Scob s’en joue jusqu’au vertige face à Bérangère Bonvoisin, remarquable.

Théâtre de la Colline, à 19 h le mardi à 21 h du mercredi au samedi et le dimanche en matinée à 16 h (01.44.62.52.52). Jusqu’au 21 décembre. Texte publié par L’Arche (9 E).

> A. H.