SIESTE prolongée et préventive (au minimum une heure et demie, soit un cycle de sommeil complet) permettant d’anticiper une nuit qui sera courte, sieste curative standard (entre dix et trente minutes), sieste curative express (quelques secondes à dix minutes) menant tout juste au seuil de l’endormissement, chacun peut trouver sa formule idéale. Comment siester au bureau, dans le métro, dans sa voiture (à l’arrêt !), debout, assis, allongé ou, comme Salvador Dali, une petite cuillère entre le pouce et l’index, histoire de se réveiller quand elle fait du bruit en tombant, les stakhanovistes de l’agitation n’ont aucune excuse.
Siester est toujours possible, recommandé pour la santé et n’a rien à voir avec la nonchalance. On dort d’autant mieux en qualité que l’on a fait une sieste. Et pour que celle-ci procure les meilleurs bénéfices, elle doit être répétée régulièrement. Mieux vaut une sieste brève tous les jours qu’une longue sieste le dimanche après-midi. Au Japon, on sieste sans état d’âme pour garantir la productivité ; en Espagne, on siestait sans culpabilité en assumant la langueur générée par la chaleur du «creux méridien» (relâchement généralisé du début de l’après-midi) jusqu’à ce qu’une loi récente ne s’en mêle. Winston Churchill, dont le sang-froid est légendaire, dormait tous les après–midi, y compris, paraît-il, au plus fort de la guerre. La sieste existe d’ailleurs depuis la nuit des temps ; Dieu ne s’est-il pas reposé au septième jour de la Création ?
Une activité à organiser.
S’il s’agit d’une pratique physiologique et naturelle, elle n’en est pas moins perfectible : preuve que cette activité n’a rien à voir avec la paresse, elle s’organise plus ou moins bien, plus ou moins efficacement, explique Frédéric Ploton, lui-même siestophile averti. Conseils pour bien s’endormir, pour mieux se réveiller, pour savoir si l’on est adepte de la sieste express ou plus longue, pour siester sans se faire prendre ou pour convaincre son patron d’offrir des lieux propices à cette activité, tout y est.
L’auteur, qui propose de déclarer Journée nationale de la sieste le premier dimanche de l’été (cette année, le 25 juin), déplore que Jacques Chirac, adepte déclaré de la sieste, n’ait pas, à défaut de réparer la fracture sociale, créé un musée national de la sieste. Car, affirme F. Ploton, «la sieste est un espace de liberté, siester est un acte de rébellion (douce) , un acte politique».
Ne commencez pas ce petit manuel au moment de faire la sieste. Vous aurez trop envie de le terminer.
« Petit Manuel de siestologie », Frédéric Ploton, Tana éditions, 144 pages, 10 euros.
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