« A cause des vacances, le mouvement a fonctionné un peu plus au ralenti pendant les quinze derniers jours, mais il y aura énormément de monde à la manifestation du 10 mars », assure le Dr Bernard Farcilli, médecin généraliste à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) et président du syndicat UNOF d'Ile-de-France.
Selon lui, il y a encore une « grande mobilisation des médecins » et l'UNOF Ile-de-France « n'a jamais eu autant d'adhésions », puisque le nombre d'adhérents de ce syndicat a récemment progressé de « 10 à 15 % » dans la région. Le Dr Farcilli se dit « certain que 70 % des médecins généralistes franciliens appliquent les consignes UNOF sur le DE (dépassement exceptionnel du tarif conventionnel, NDLR), c'est-à-dire le C à 20 euros, dès que c'est possible ».
Avec tact et mesure
Néanmoins, comme ce dépassement tarifaire est justement pratiqué « avec tact et mesure », le Dr Farcilli souligne qu'il ne concerne qu'une minorité d'actes, surtout « en Seine-Saint-Denis, où 40 % des patients sont en CMU ».
« Les médecins de Seine-et-Marne ne sont pas du tout démobilisés », renchérit le Dr Pierre Eterstein, président de l'UNOF dans ce département. « La grève des gardes se poursuit et une majorité de généralistes appliquent le C à 20 euros, au moins partiellement », ajoute-t-il.
Le Dr Didier Le Vaguérès, responsable de la coordination 91, constate pour sa part une mobilisation à deux vitesses dans le département de l'Essonne. Dans le sud, plus rural, il note que, si « les médecins généralistes n'assurent quasiment plus les gardes », moins de un généraliste sur deux applique la consultation à 20 euros et la visite à 30 euros. Dans la partie nord de l'Essonne, plus de la moitié des généralistes, voire « 80 à 90 % dans le quart nord-est du département » appliquent des dépassements tarifaires.
Certes, « l'Ile-de-France est traditionnellement la dernière région à se mobiliseren raison des Parisiens, plus individualistes », rappelle le Dr Roger Rua, généraliste à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) et vice-président du Syndicat des médecins libéraux (SML). Mais le Dr Rua trouve que la signature du protocole national sur la permanence des soins entre l'Etat, l'Ordre des médecins et l'assurance-maladie (« le Quotidien » du 6 mars), qui « rend les gens furieux », est venu à point pour remobiliser les médecins après la période de vacances.
Affiche dans le cabinets de consultation
De façon générale, les délégués départementaux ne peuvent encore évaluer un taux de participation à la manifestation parisienne « La santé avant tout » du 10 mars, d'autant que les réunions de préparation vont se multiplier ici ou là jusqu'à samedi après-midi. Les syndicats et les coordinations ont multiplié les envois aux médecins (par courrier, fax ou e-mail) afin de toucher le maximum de praticiens, y compris les non grévistes. A Paris intra-muros, par exemple, « un courrier incitatif, comprenant une affiche à apposer dans les cabinets et une pétition, a été envoyé à plus de 3 000 médecins généralistes », indique le Dr José Clavéro, président de l'UNOF 75.
Compte tenu de leur proximité géographique, les médecins franciliens sont généralement invités à se rendre au point de rendez-vous de la manifestation de dimanche (place Vauban) par leurs propres moyens. Les coordinations départementales recommandent aux médecins d' « amener dix patients chacun ».
Selon le Dr Farcilly, certaines délégations franciliennes réservent des surprises, « pour être filmées par les télévisions, ne serait-ce que trente secondes ».
Le Dr Jean-Paul Hamon, porte-parole des coordinations en Ile-de-France, qui avait coorganisé à Clamart (Hauts-de-Seine) « le cirque "Guigouglione" », envisage aussi une petite animation au sein du cortège : « On aurait pu faire le "Jospinder", mais j'aimerais plutôt un vieux corbillard à chevaux sur lequel on inscrirait la mention " A notre regrettée médecine libérale ". Il paraît que l'UNOF a déjà eu la même idée et que la préfecture n'a pas donné l'autorisation... ».
Quoi qu'il en soit, la journée du 10 mars « n'est pas un point d'orgue, mais un début » aux yeux du Dr Farcilli. « On est parti pour quelques mois de combat », fait-il remarquer. « Ce n'est pas la manifestation du 10 mars qui va suffire. »
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