Avant, le théâtre se donnait pour mission d'interpeller le spectateur, voire le déranger dans ses convictions profondes. Aujourd'hui, il se réduit à sa fonction de témoignage. Et comment dans ce cas être contre ? Christiane Jatahy, femme de théâtre d'origine brésilienne, avec sa sincérité débordante a conçu un spectacle où s'effacent toutes les frontières, entre les pays, les arts du spectacle (théâtre versus cinéma), les artistes et le public, les époques. Ici les acteurs traversent le miroir et se retrouvent depuis l'écran quelques minutes plus tard sur scène. L'Odyssée d'Homère se prête aisément à ce programme. De la Syrie à l'Afrique du Sud sans oublier la Palestine et le Brésil, désormais chacun d'entre nous est un étranger en puissance, un migrant possible. Aujourd'hui, personne ou plutôt tout le monde est Ulysse. Et comme la cheffe de troupe conjugue confession intime et goût de la fête, chaque représentation génère la création d'une communauté aux lieu et place d'un public partageant émotion et reconnaissance. Bien sûr la complexité, l'esprit critique n'ont pas droit de cité puisqu'il n'y a pas de texte. Faut-il ajouter que c'est un triomphe partagé sauf avec les esprits chagrins qui attendent encore autre chose du théâtre qu’un simple moment de communion ?
Le Présent qui déborde, Christiane Jatahy, Le Cent Quatre avec l'odéon-Théâtre de l'Europe. Jusqu'au 17 novembre 2019.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature