Pour le Pr Pierre Costa (CHU de Nice), président de l’Association
inter hospitalo-universitaire de sexologie (Aihus) : « Le motif principal de consultation et de diagnostic d’un syndrome de déficit en testostérone (SDT) est en général un trouble du désir. Il est en général facile d’évoquer un hypogonadisme devant une diminution de la libido associée à une fonction érectile médiocre, une disparition des érections nocturnes et matinales spontanées, une diminution du plaisir, une éjaculation jugée insuffisante (en qualité et en volume). » Urologue et andrologue, le Pr Costa insiste pour que l’on s’assure que la baisse du désir est bien générale. En effet, si elle ne concerne que la partenaire, le sexologue s’orientera plutôt vers une baisse du désir liée à une perturbation de la relation de couple (attention, l’un n’empêche pas l’autre !). « Il faudra aussi éliminer les autres étiologies des troubles de la libido masculine comme les accès dépressifs », ajoute Pierre Costa.
L’objectif d’un traitement hormonal par testostérone, rappelle la HAS, est « d’améliorer notamment, les troubles sexuels, le sentiment de bien-être, la densité minérale osseuse… en ramenant les concentrations sériques de testostérone dans des valeurs considérées comme normales ». Toutefois, la HAS précise qu’il n’existe pas actuellement de consensus sur les valeurs normales de testostéronémie en fonction de l’âge. Il est donc indispensable, avant de débuter un traitement, de s’assurer biologiquement ET cliniquement de l’existence d’un hypo-gonadisme.
Chez les patients souffrant de dysfonction érectile, une compilation de neuf grandes études retrouvait un taux de testostérone inférieur à 3 ng/ml pour 12 % d’entre eux (4 % des hommes âgés de moins de 50 ans et 15 % de ceux de plus de 50 ans). Toutefois, il s’agissait le plus souvent d’un seul dosage et il est possible que cela conduise à une surestimation. Il a été démontré que lorsque les valeurs de testostéronémie étaient subnormales, un deuxième dosage se révélait normal pour au moins un patient sur trois. Dans les autres dysfonctions sexuelles – même s’agissant de baisses du désir – la testostéronémie est le plus souvent normale !
Traitement sous surveillance
Cliniquement, les signes d’appel sont nombreux (lire encadré ci-contre), mais il faudra aussi penser au SDT devant l’échec ou l’inefficacité relative d’un traitement par IPDE5. L’androgénothérapie substitutive étant normalement un traitement à vie, il doit faire l’objet d’une surveillance au moins annuelle de la prostate et des seins (TR et mesure du PSA) et tous les trois mois pendant la première année, puis tous les ans chez les hommes de plus de 40 ans et chez les patients à risque. La HAS rappelle aussi que « certains signes cliniques de types irritabilité, nervosité, prise de poids, érections prolongées ou
fréquentes peuvent témoigner d’une androgénisation trop intense et nécessiter une adaptation posologique ». Lorsqu’un hypogonadisme a été diagnostiqué, la prescription d’androgènes peut permettre d’obtenir une amélioration symptomatique et une amélioration de la qualité de vie. Encore faut-il préciser au patient, explique Pierre Costa, que « le traitement androgénique permet d’améliorer l’activité sexuelle, surtout en restaurant la libido, même si un effet positif sur l’érection est possible, mais moins fréquemment obtenu ».
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