La polyarthrite rhumatoïde (PR) est beaucoup plus fréquente chez les femmes. Elle touche tous les âges mais avec un pic entre 40 et 60 ans et plus particulièrement en périménopause. On retrouve souvent un traumatisme affectif dans les mois précédant le début de l'atteinte articulaire et, dans 10 % des cas, les signes apparaissent au décours d'un accouchement.
Une PR débute en général par une polyarthrite nue sans signes d'accompagnement revêtant l'aspect d'une oligoarthrite distale dans près de 70 % des cas. Mais elle peut cependant se manifester aussi par une polyarthrite aiguë fébrile, une atteinte rhizomélique surtout après 60 ans, des manifestations articulaires intermittentes.
Enfin, plus rarement il s'agit d'une monoarthrite ou d'une atteinte extra-articulaire.
La présence d'une ténosynovite au niveau des tendons extenseurs ou fléchisseurs de doigts ou du cubital postérieur est un signe qui plaide en faveur du diagnostic.
Cette diversité d'expression ne facilite pas le diagnostic précoce. Un rhumatisme inflammatoire débutant peut constituer une « urgence articulaire », témoignant d'une maladie infectieuse grave ou d'une connectivite mettant en jeu le pronostic vital. Ce diagnostic doit être éliminé avant d'évoquer celui de PR.
Si interrogatoire et examen clinique sont essentiels au stade précoce de la PR, les examens biologiques sont utiles aussi pour orienter le diagnostic. Il s'agit de la recherche d'un syndrome biologique inflammatoire, de la détection du facteur rhumatoïde (rarement présent au début), du dosage des anticorps antinucléaires et des anticorps antiprotéine citrullinée. Ces derniers sont observés dans 50 % des cas environ, mais avec une spécificité de 98 %, ce qui justifie leur recherche.
Les radiographies sont souvent normales à ce stade.
Le généraliste au centre du réseau de prise en charge
Le médecin généraliste est le premier à voir les malades et, en liaison avec le rhumatologue, il joue un rôle important dans le diagnostic et la prise en charge des PR à leur début. La mise en place de réseaux comme le réseau Polyarthrite rhumatoïde Languedoc-Roussillon associant rhumatologues, médecins généralistes, spécialistes divers, paramédicaux et représentants d'associations de malades atteints de PR facilitent cette prise en charge et en améliorent la rapidité et la qualité.
Le Pr L. Euller-Ziegler insiste sur le vécu du malade atteint de PR, confronté à une douleur chronique, une fatigue et un handicap dont les conséquences psychosociales sont importantes. La prise en charge est d'autant plus efficace qu'elle est centrée sur le patient, son vécu, ses besoins, ses croyances. Le dialogue est essentiel à toutes les phases de la maladie. La qualité de l'information du patient et de son entourage est capital. Elle est l'une des attentes majeures du malade, elle améliore sa qualité de vie en dédramatisant et en permettant des stratégies actives de « coping », c'est-à-dire gestion active de la maladie.
L'information doit se prolonger par une véritable éducation thérapeutique qui a un effet positif sur l'observance, l'état physique et psychique, le recours aux soins et même le pronostic général.
Le traitement médicamenteux s'intègre dans la prise en charge globale. Si la PR est active et comporte des éléments d'altération de la structure cartilagineuse, le méthotrexate est prescrit en première intention. En cas d'échec, et si la PR est évolutive, un traitement par un anti-TNF-alpha devra être envisagé. Ces produits, qu'il s'agisse d'un anticorps anti-TNF-alpha comme du Remicade en perfusion ou de récepteurs solubles comme du Enbrel, traitement ambulatoire par injection sous-cutanée, représentent une véritable révolution thérapeutique grâce à leur efficacité clinique, biologique et radiographique reconnue comme spectaculaire.
Atelier parrainé par les Laboratoires Wyeth d'après les communications des Prs Jacques Sanny, Jean-Pierre Daures et Liana Euller-Ziegler.
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