Arts
Du théâtre, de la critique d'art, des poèmes, des romans, des dessins, de la décoration, des chorégraphies, des scénarios, des films, des illustrations, des revues, de l'édition... : aucune discipline artistique n'a échappé à Jean Cocteau. Ajoutons que toutes ces créations lui laissèrent le temps de faire un tour du monde, d'entrer à l'Académie française, de nouer des amitiés passionnées : Raymond Radiguet, bien sûr, mais aussi Max Jacob, Picasso et Stravinsky, d'être le pygmalion de Jean Marais, de fumer l'opium, de vivre avec Diaghilev l'aventure des ballets russes, de participer à celle des musiciens du Groupe des six, de prendre le thé avec Colette lorsqu'il était son voisin, de vivre une (courte) expérience avec le groupe surréaliste, de ressusciter Orphée, de provoquer des scandales, de poser pour les plus grands peintres et photographes du début du XXe siècle, de mettre en scène les clowns Fratellini, d'assouvir ses fantasmes de noctambule au mythique « Buf sur le toit », de dessiner pour Coco Chanel, et tant d'autres choses encore.
Lorsqu'on lui demandait pourquoi rien ne lui était étranger, lorsqu'on lui reprochait son éparpillement, Jean Cocteau répondait qu'il aimait voir sa « graine voler un peu partout ». C'est le fruit de cette graine protéiforme qui nous est donné à voir à Beaubourg. La graine de Cocteau est superbement disséminée dans l'exposition.
Celle-ci s'ouvre par une série de trente autoportraits de l'artiste, qui dessinait comme il écrivait (et vice versa). Trente autoportraits souvent réduits aux contours du visage. La grâce du mystère. C'est d'ailleurs le mystère qui guide le spectateur tout au long du parcours, comme un fil conducteur. Le mystère, le doute, l'ambiguïté et la magie : les illustrations pour le « Potomak », les dessins de sirènes et de mandragores, les masques pour « Antigone », le film « Orphée » peuplé de miroirs, le maquillage de Jean Marais pour « la Belle et la Bête », les dessins sur les atrocités de la guerre où la mort rôde toujours... Le mystère et le rêve ont gouverné toute sa vie la production de cet « enfantterrible », qui avouait parfois vouloir faire de « l'art pour Dieu ».
« Autre il fut. Autre était son titre de noblesse. Ainsi aimerais-je qu'on parle de moi un jour », confiait Cocteau. Son souhait s'est largement réalisé.
« Jean Cocteau, sur le fil du siècle. » Centre Pompidou, Paris 4e. Tlj, sauf mardi, de 11 h à 21 h (nocturnes le jeudi). Tél. 01.44.78.12.33. Jusqu'au 5 janvier.
Catalogue de l'exposition, éd. Centre Pompidou, 39,90 euros.
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